mardi, février 07, 2006

Masr (l'Egypte) en route pour la finale de sa coupe

Le Caire - Ce qui suit est un article que j'ai ecrit pour un journal national belge, mais il n'a pas ete publie malheureusement. Ce n'est pas grave, l'exercice etait interessant.

Que ce soit au Caire ou en province, les Egyptiens n'ont montre en general jusqu'a present qu'un enthousiasme modere pour la Coupe d'Afrique des Nations 2006 organisee dans leur pays. Au premier tour, l'homme de la rue ne connaissait souvent pas l'adversaire du jour la ou en Belgique ou en France par exemple, tous les medias confondus nous auraient prepares et informes en detail de l'evenement. Il est vrai que les Egyptiens ont pour la plupart d'autres defis a relever dans leur vie de tous les jours, a commencer par assurer une vie decente pour eux-meme et pour leur famille.

Depuis l'elimination de la Tunisie et du Cameroun en quart de finale, l'Egypte, pays organisateur est devenue favorite du tournoi. Il y a deux etapes a franchir avant le sacre, et les Egyptiens, son entraineur, les joueurs, les supporters en general restent extremement concentres sur leur tache, match apres match, ce qui est une attitude ideale en vue de la victoire finale. "Incha'Allah" (si Dieu le veut) comme le dit tres bien l'expression consacree. Le premier obstacle a franchir etait hier soir le Senegal en demi-finale du tournoi. Le jour meme de la mise en vente des tickets, ceux-ci se revendaient deja au double du prix sur le marche parallele, rien que pour epargner a l'acheteur les 5 heures de file necessaires pour les obtenir. Le jour du match, les tickets se vendaient sous le manteau au moins quatre fois leur valeur initiale.

Le match avait lieu dans l'impressionante arene du Cairo International Stadium, dans la banlieue du Caire, ville megapole grouillante et stressante de 20 millions d'habitants, ou sans doute plus de 80.000 personnes, au-dela de la capacite officielle du stade, devaient porter leur equipe nationale vers le but adverse. Les differentes entrees des tribunes etaient fermees des 17h, deux heures avant le match, le stade affichant deja complet. Avoir un ticket valide n'etait pas une raison suffisante pour y acceder. Le fait qu'il y avait plus de tickets en circulation que de places effectives reste un mystere. Des mouvements de foule mecontente ont ete tres vite maitrises grace au dispositif policier impressionant. La tension etant a son comble, des centaines de personnes, y compris des policiers, ont saute des grilles, use de mille ruses pour entrer dans le stade, tous les moyens etaient bons pour ne pas rater ce moment.

Le public etait en general jeune, compose dans son ensemble de tout ce que le Caire et l'Egypte porte de population plus aisee et laicisee que la moyenne, affichant sa modernite "occidentale", mais avec tout le charme et le caractere moyen-orientaux propre au peuple egyptien. Le spectacle se deroulait devant les yeux du president Hosni Mubarak et une reproduction en taille reelle de la tete du Sphinx de Gizah au-dessus de l'entree des joueurs.

Le match en lui-meme fut equilibre, une mi-temps a mettre a l'actif de chaque equipe, l'Egypte ouvrant le score a la demi-heure sur un penalty botte a deux reprises. En deuxieme mi-temps, le Senegal a pris le jeu a son compte et est revenu logiquement au score sur un but du marseillais Mamadou Niang, héritant d'un centre magistral de Lamina Diatta, qui a lobé la défense égyptienne. Niang d'un coup tête décroisé remettait les pendules à l'heure, dans un silence de mort et au grand dam des 80.000 spectateurs du stade international du Caire.

En fin tacticien, Hassan Shehata, l'entraîneur egyptien a procédé à un changement judicieux, en sortant son attaquant vedette, Mido, dont la prestation était en dessous de la moyenne, par Emr Zaki. Mido ne voulant pas sortir l'a fait savoir vigoureusement à son coach et ils en sont meme venus au main, ce qui est assez singulier a ce stade d'une competition sportive continentale. C'etait bien vu de la part du sélectionneur des pharaons, car ils reprirent le controle du jeu notament par les passes rapides du remplacant et c'est lui-meme qui inscrira le but victorieux, par un coup de tete rageur a dix minutes de la fin du match, devant un public dechaine et un niveau sonore impressionnant de cris, de chants, de tambours et de djembes. Les klaxons et les scenes de joie perdureront jusque tard dans la nuit du Caire.

Spectatrices attentives
Supporttrices attentives
Des roses sur le panneau d'affichage a la fin du match
80.000 drapeaux noir blanc rouge
Animation
Happy cops

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