vendredi, mars 31, 2006

Sana'a - Jibla - Tai'z

Tai'z, Yemen - Apres un mois de train-train quotidien, aaaah me voila reparti sur les routes. J'ai refait mon planning de facon detaillee. En fait, j'ai tout simplement fait mon planning, et deux mois de mouvement perpetuel, quotidien, m'attendent, de Sana'a au Yemen a Damas en Syrie, debut juin.

Les paysages qui defilent durant ces 5 heures de bus sont assez differents l'un de l'autre. Au depart de Sana'a, on traverse une serie de cirques grandioses, suivi d'une bonne heure de paysages qui font penser a la Toscane, avec des vallees douces, vertes et sur la crete des collines, des arbres qui ressemblent a des peupliers. Ensuite, au fur et a mesure que l'on descends, et avant de remonter vers Taizz, deuxieme sommet du Yemen apres la region de Sanaa, des paysages dignes de la steppe africaine, clairsemes, avec de rares arbres et quelques palmiers.

Il a fallu evidemment que, 10 minutes a peine apres s'etre arrete 1 heure pour manger, le chauffeur decide de faire un arret qat dans un village plus loin. Imaginez un bus Liege - Berlin, avec des familles, airconditionne et grand luxe, qui s'arrete a Maastricht pour acheter de la marijuana. C'est un peu ca sauf que c'est tout a fait normal.

Je m'arrete a Ibb un peu avant Taizz pour jeter un coup d'oeil sur le gros village de Jibla. On est toujours a plus de 2000 m dans la region. Jibla capitale du Yemen au moyen-age, l'empire Sulayhid, comprenant Sana'a, Aden et l'est, l'Hadramouwt. En descendant du taxi partage a Jibla, village perche sur la montagne, j'entends un cri qui sort de nulle part. En levant les yeux, je m'appercois que le vieux minaret de la mosque As-Sunna du 16e siecle qui marque l'entree du village, porte en son sommet un vrai muezzin, un vrai de vrai qui fait l'appel a la priere comme au bon vieux temps, a la criee, et sans porte-voix. C'est fou comme certaines mauvaises traditions perdurent et par contre comme de bonnes traditions comme celle-ci se perdent... Plus loin, une mosquee avec son double minaret, la mosquee Reine Arwa (12e) est plantee au milieu du village. Il me fut possible de tourner autour de la mosquee, dans une espece de patio, mais pas d'y entrer. Le deplacement de la capitale de Sanaa a Jibla est le fait de la reine Arwa, au XIIe siecle de l'ere chretienne, son regne a ete place sous le signe du progres et d'une grande prosperite economique. Le palais est devenu un vaste champ de ruines malheureusement. http://www.yemeninfo.gov.ye/english/CULTURE/Jibla.htm

Taizz est une ville postee au pied d'une montagne, le deuxieme sommet du Yemen, le jebel (montagne) Sabir, et elle est presente partout, d'ou que l'on se place dans la ville. En suivant un cortege de supporters de foot completement incongru, faisant eclater des petards et envahissant les ronds-points, je ne sais toujours pas pourquoi ni pour qui, cortege qui s'est disloque, et je ne sais pas ou on disparu les gens, je fus interpelle par Abdelathif, etudiant en interpretariat a Taizz, fils d'emigre yemenite travaillant en arabie saoudite, et tout heureux de pouvoir pratiquer son anglais. Nous nous mettons d'accord pour une rencontre le lendemain au lever du jour, on visitera la ville et sa montagne ensemble. Ce sera l'occasion d'en connaitre un peu plus sur Tai'z, brievement capitale du Yemen sous le regne de l'Imam Ahmed puis Badr, descendants du terrible Yahya, pas plus tard que pendant les annees 50.

Les avis discordent en fonction des personnes rencontrees lors de la descente du sommet, mais la route en asphalte qui y mene est le fait du cheikh Zaid des Emirats, d'autres, comme le guide bouquin dont je dispose, pas a une aproximation pres, dit que c'est un saoudien qui a allonge les millions, peu importe. La montee on l'a faite en micro-bus, avec les gens qui allaient travailler en haut. Quand il y a un ascenseur, on ne va pas prendre les escaliers. Quel bonheur que cette montagne. Le contraste de la fraicheur, vraiment une temperature douce, avec ce qui commence a ressembler a une chaleur moite etouffante en bas (et je n'ai encore rien vu par rapport a ce qui va suivre a Aden et plus loin), la douceur du paysage, le calme de ces petits villages, sans klaxon. Les femmes yemenites non recouvertes de la tete au pied, affublees de robes de couleurs vives et parfois non voilees, qui s'y trouvent sont reputees dans tout le Yemen pour leur beaute. Mon hote et guide du jour etant un proche du parti Islah, j'ai remercie Allah pour tous ces bienfaits et nous nous sommes quittes dans la vallee en nous rejouissant de ces quelques moments passes ensemble.

Voir album Yemen, page 8, dscn2442 et suivantes.

jeudi, mars 30, 2006

Nouveau!! La carte

Grace a Didj, un pote du rfc Liege (en route vers sa remontee en division 1 de foot en belgique) qui a deja fait ses preuves au sein de l'equipe du mythique et ami RP On Tour site, une carte de mon trajet est desormais disponible. Elle apparaitra plus tard dans les liens permanents sur la colonne de gauche. C'etait necessaire et elle sera editee quand ceci sera possible. Un grand merci a Didj !
(cliquer sur la carte pour la voir en grand)

mercredi, mars 29, 2006

Sana'a, c'est fini

Voila, je quitte Sana'a demain au petit matin, non sans une reelle petite larme a l'oeil. Je reviendrai plus longuement parler du Yemen en general dans un post ulterieur, il faut que je voyage dans le pays pour me faire une idee plus globale.

Je n'ai vu en tout cas jusqu'ici qu'hospitalite et une reelle amitie honnete et spontanee de la part de la plupart des Yemenites. Les enfants sont beaux comme des anges. Dommage que l'on ne voit pas plus leurs mamans, mais cela fait partie de la tradition. J'ai l'impression quand meme jusqu'ici de passer a cote de la moitie de la societe. Les choses changent neanmoins, on rencontre de plus en plus de femmes employees dans les banques et les administrations a des postes a responsabilite, des ministres...

Le pays est face a de nombreux challenges, et c'est le plus politiquement correct que l'on puisse dire. Je reviendrai la-dessus egalement. Trois journaux ont ete fermes recemment pour avoir publie l'une des fameuses caricatures danoises, pour comble d'ironie, illustrer des articles qui les condamnaient fermement. Le directeur de l'un des journaux risque la peine de mort selon la charia, le requisitoir de la partie civile ayant ete rendu cette semaine, on attends la suite.

Les Yemenites aiment parler, ils n'arretent pas. Dans un pays dont le pouvoir ne badine parfois pas avec la liberte de la presse, cela cree parfois des chocs. La presse est clairement sous pression, et les elections presidentielles qui doivent se tenir en automne ne risquent pas d'ameliorer les choses. Cependant, en general, le ton est assez libre dans la rue, il n'y a pas de bayonnage de la population, les gens aiment s'exprimer sur tout et il y a un nombre epoustouflant de titres de presse dans les kiosques. Ceci est une tradition depuis la reunification du pays en 1991. Mais il y a parfois des contre-coups.

Le Yemen est l'un des pays les plus pauvres du monde d'apres les statistiques de la Banque Mondiale. Cela ne se remarque pas trop a Sana'a en tout ca, la capitale. Il n'y a pas, ou tres peu, de petrole au Yemen, et on compte fort ici sur les forages d'exploration qui ont lieu a la frontiere disputee avec l'Arabie Saoudite dans le empty quarter, vaste etendue de desert invivable.

Tout autre chose, je recommande l'institut CALES, sis a Old Sana'a, pour l'apprentissage de la langue arabe, un staff qui s'occupe de vos problemes le cas echeant, c'est grace a eux que j'ai pu me permettre d'arriver a l'aeroport sans visa, et de tres bons professeurs.

Sinon la question des visas en genral, et surtout dans cette region du monde, est un casse-tete. Pour les visiteurs eventuels de ce site qui souhaiteraient des infos, le visa pour Oman s'obtient sans trop de peine a Sana'a. Celui pour l'Iran, j'ai lance la procedure ici et en principe je l'intercepterai a Muscate dans deux semaines. Avec un peu d'arabe dans ces ambassades, meme celle d'Iran, ca aide, le contact est tout de suite disons plus sympa. Faites vous accompagner par un local parlant arabe le cas echeant. Par contre, la Syrie, degre zero de sympathie. On vous parle en ne vous regardant pas. On exige un certificat medical, a obtenir evidemment dans un hopital "ami" et on vous charge un prix exhorbitant pour la visite medicale qui consiste a vous prelever une demi seringue de sang et vous faire patienter un quart d'heure. Sans compter le prix du visa et une lettre de recommandation de votre eambassade. Je ne suis pas entre dans ce jeu et je compte trouver mon visa syrien plus loin sur la route, je ne sais encore comment. Enfin, devant ces episodes bureaucratiques, je relativise toujours en me disant qu'obtenir un visa pour les citoyens de ces pays pour mon pays d'origine est evidemment un obstacle en general infiniment plus grand. Enfin bonne nouvelles, plus loin, j'ai trouve une personne de contact a Bakou en Azerbaidjan qui peut regler mon visa avant mon arrivee. L'Azerbaidjan se place dans la tradition sovietique en matiere de visa, a savoir qu'il faut une invitation pour entrer dans le pays. Par contre, plus de visa necessaire pour la Georgie depuis tres peu de temps. Je ne passerai pas en Armenie malheureusement, cela semble trop complique point de vue trajets, rien que parce que les frontieres turco-armeniennes et azeri-armeniennes, sont fermees. Ensuite, tant que je suis une fois pour toutes dans le chapitre visas, la Turquie, pas de probleme. Restera la Syrie et le Liban. La Jordanie, a la frontiere c'est bon. Plus de connection avant deux bonnes semaines, rendez-vous a Muscate.

vendredi, mars 24, 2006

Nouvelles photos

J'ai travaille, redimensionne, recadre quelques photos issues d'un film que je n'avais pas encore developpe. J'espere qu'elles donnent une idee plus precise de la beaute du Sinai. Vous les trouverez en cliquant ici.

Sinon j'ai rajoute pele-mele de nouvelles photos prises a Sana'a pour les amateurs de photos fourre tout. Vous les trouverez en cliquant ici et aller a la page 7.

Tout se passe toujours bien, la vie est une surprise continue...

Amities.

samedi, mars 18, 2006

Al-Mannakah et Al-Hajjarah

L'expedition en solo du week-end, pendant que tout Sana'a chique du qat, a pour but un village perche au sommet des montagnes a une centaine de kilometre au sud ouest de la capitale yemenite, sur la route d'Hoddeida, lieu de depart d'une excursion que j'arrangerai sur place.

Le chauffeur du bus longue distance, sans doute distrait par la projection sur le canal video d'un film de John Woo avec Jean-Claude Vandamme, et alors qu'une bonne partie des occupants avaient la nausee dans ce tombeau roulant flirtant avec les ravins (a moins que ce ne soit a cause de Jean-Claude), oublie de me deposer au tournant de al-Mannakah. Et c'est au moins une heure plus tard, alors que je commencais a trouver le temps long, qu'on s'en est rendu compte. J'etais en train de discuter avec mon voisin qui est Yemenite, habite a Djibouti et fait des etudes en IT a Huddeida (je n'ai toujours pas compris), lui expliquant entre autres que le type a l'ecran a la meme nationalite que moi et que c'etait un drame national (a mon avis il n'a toujours pas compris pourquoi non plus) et je n'ai pas vu le temps passer.

Arrives une demi-heure plus tard dans une petite ville, le chauffeur apres avoir crie sur 3 ou 4 passants, me dit qu'il n'y a plus de "pigeot" pour Sana'a. Quelques passagers me disent, et dans ce genre de situation, c'est fou comme on vous prend pour un enfant dans certains pays, que je ferais mieux de rester dans le bus jusque Huddeida (encore 2 heures plus loin), dormir sur place et revenir le lendemain matin. Ca voulait dire que mon week-end etait quasiment perdu. Il serait inconcevable qu'a 4h de l'apres midi, il n'y ait plus de taxis partage pour Sana'a passant pres de Manakkah, meme dans la moindre petite ville yemenite, et je quitte donc le bus. Les premieres "offres" de transport sont evidemment fantasques, c'est fou aussi a quel point on peut vous prendre pour un cretin et effectivement plus loin je trouve un break peugeot a moitie rempli et nous partirons une vingtaine de minutes plus tard direction Sana une fois la dizaine de places occupees. J'arriverai a al Hajjarah au sommet de la montagne apres la tombee de la nuit, faisant les 8 derniers kilometres de montee en passager de moto.

Pour ceux qui ont connu, et je fais ici dans le potes-blog, il y avait dans le refuge exactement la meme tapisserie que celle qui figurait dans le salon de la maison parentale ou nous passions des nuits a jouer aux cartes. 3 cerfs buvant de l'eau dans une mare, et le cerf central qui, si l'on cache la moitie de son visage, a une tete de demon et l'autre moitie une tete de biche. Et le petit faon a sa droite a toujours plus l'air de vomir que de boire. :-) Il parait que ce chef d'oeuvre vient d'arabie saoudite, voila le mystere elucide plus de dix ans apres.

C'est en pleine meditation devant cette tapisserie et un bon repas que je verrai arriver deux etudiants, une francaise et son compagnon allemand, tous les deux tres sympas et ils allaient bien ensemble. Ca faisait longtemps que je n'avais plus parle francais a quelqu'un a batons rompus. Ils parlaient ceci dit tous les deux tres bien arabe, ce qui me donne une idee du chemin qui me reste a parcourir...

Un trek de 6 heures m'attend le lendemain et pour une fois, je me suis pris un guide des le depart, ca permet de mieux se concentrer sur le paysage et il en vallait fort la peine. Nous avons traverse et longe une bonne dizaines de petits villages suspendus au sommet de pics de montagne, des villages de quelques maisons a villages "semi-urbains" (al Hajjarah). Entre ces villages, des plateaux etablis par les hommes a renfort de pierres et de remblayage, laboures a la charrue tiree par des anes ou un boeuf.

Du point de vue de la vegetation et des cultures, tout est occupe par du qat et parfois du cafe sur les flancs de vallees. Au fond de la vallee, dans le wadi aseche, on trouve des bananiers et des mangues. Les rares humains que l'on croise sont des femmes recouvertes avec une charge transportee sur la tete, les hommes labourent les champs ou se reposent. A un moment, j'ai vraiment regrette de ne pas avoir un appareil photo classique et un film noir et blanc dedans. Nous suivions 3 femmes marchant vers une falaise, recouvertes d'une burqa qui flottait legerement au vent, c'etait gracieux, le tout devant elles sur fond d'un brouillard epais.

Ce qui est vraiment particulier, c'est que ces villages se fondent litterallement dans la montagne, les maisons etant faites des memes pierres. L'integration a l'environnement naturel est parfait. De loin, on met parfois du temps a distinguer tel ou tel village, quasi camoufle dans le paysage, dans la continuite des falaises.

Une particularite, mais pas vraiment unique, le gros village d'Al-Hajjarah etait compose naguere de deux parties, une partie habitee en majorite par des musulmans, et une partie habitee par des juifs, avant que ces derniers ne rejoignent Israel dans les anness 50, consecutivement a la creation de l'etat hebreu.

Pour les photos relatives a ce post, voir album Yemen page 5, dscn2318 et suivantes.

mardi, mars 14, 2006

vie tranquile a Sana'a acte II

Je suis directement entoure, dans mon appartement dans le vieux Sanaa, de 4 mosquees au bas mot. A 5 h du matin, a lieu la premiere priere du jour en Islam. Pour celebrer ce moment, et appeler les fideles a rejoindre la mosquee, ou qu'ils se trouvent et quoi qu'ils soient en train de faire (souvent dormir a cette heure la), les muezzins des differentes mosquees enclanchent leur appel a la priere dans un concert de glorification a Allah. Des hauts parleurs juches au sommet des minarets ont remplace depuis longtemps la seule voix du muezzin qui y montait pour lancer ses chants. Jusque la, ca va, la plupart le font d'une maniere assez harmonieuse, dans des variations de voix a l'infini, c'est un peu cacophonique mais au bout du compte musical, et on peut facilement se retourner dans son lit, et se remettre a dormir, berce par ces harmoniques. Mais la ou ca ne va plus, et j'en ai ete groggy pendant ma premiere semaine ici, c'est que juste en face de ma fenetre se trouve le minaret de la mosquee Dawud (sic) ou a elu domicile a mon avis le muezzin le plus motive de tout Sana'a. Ce gars hurle veritablement dans son micro un "Shoukraaaaaaaaaaan" (merci) a se briser les cordes vocales et les tympans. Et cela dure une demi-heure. Ca commence avec un cri normal et la ou il arrive a bout de mon sommeil, c'est quand il aborde les ultra-aigus (je me demande comment il est possible de chanter aussi haut sans apport electronique) et qu'il y reste accroche pendant un bon moment. Quand il essaie de chanter, c'est un massacre, en fait il ne sait faire qu'hurler. Sa motivation, son objectif, chaque jour est le meme, reveiller le quartier et au-dela. Franchement, ses collegues devraient intervenir... Mais ces derniers jours, il semble que je m'y sois fait car je ne me reveille meme plus a l'heure fatidique.

La maison dans laquelle je me trouve est vraiment agreable, un porche donne sur un jardin ou il est agreable de prendre son cafe le matin. Les murs sont epais, froids, bon rempart contre la chaleur. C'est la maison des chats, insaisissables, rebelles, pas la peine d'essayer d'en caresser un sans devoir eviter un coup de griffe. Ils se battent dans les couloirs. Fati, un allemand parlant parfaitement arabe qui traine a Sana'a et habite dans la meme maison, m'a mis en garde contre le fait qu'il fallait fermer la porte de la cuisine car "le" chat arrivait a ouvrir la porte du frigo pour y piquer de la nourriture.

Abdullah, c'est son nom, m'a aborde la premiere fois pour me vendre une excursion au nord du pays, a Saada et Shaharah, seul endroit avec Marib, a l'est de Sana'a ou une escorte policiere et une agence de voyage sont reellement obligatoires. La zone de Saada etait encore il y a quelques semaines hors controle total du gouvernement, un groupe tribal y semant le trouble. Apres une periode calme, un accord a finalement ete signe la semaine derniere avec le gouvernement, une amnistie, et une reconnaissance par le groupe tribal de la constitution et des lois de l'Etat yemenite. Ce qui est bizarre est qu'il n'y a jamais eu aucun enlevement d'etrangers dans cette zone. Par contre, il est possible d'aller a Sayun ou sur la cote d'Aden avec un simple permis de voyage delivre par mon pote de la police touristique, et c'est la qu'ont encore eu lieu l'enlevement de 4 motards allemands fin de l'annee derniere. Il y a parfois des logiques qui m'echappent.

On en a discute de cette excursion, je lui ai montre mon peu d'interet. Comme il est souvent dans le quartier, on en a fini par oublier la raison premiere de notre rencontre et on parle de tout et de rien. Abdullah , etudiant a la fin des annees 80 dans une ecole islamiste, a ete recrute de force, en tout cas, fortement pousse moralement par l'autorite de son ecole, a aller combattre les communistes du Yemen sud. Il faisait partie, a 16 ans, des nombreux volontaires forces, en marge de l'armee reguliere, mobilises pour contrer la menace communiste, sous la banniere de l'Islam. Il n'a pas ete au combat, tout juste mobilise, mais il en n'a retenu qu'une aversion pour l'armee et meme pour le fanatisme religieux et il reconnait en tout cas aujourd'hui que ce passe ne lui appartient pas.

C'est le gars qui va me parler pendant 2 heures en chiquant son qat que Chretiens, Juifs, Musulmans, on est tous fait du meme terreau, que fondamentalement, au dela de la religion, il est inscrit en nous que nous aimons etre prevenants envers notre prochain, nous aspirons tous a etre reconnus comme brillants et bons. Balayant presque le contentieux israelo-arabe d'un revers de la main. Puis le lendemain, en revenant des cours, alors qu'il etait en train de discuter avec Nasser, le concierge, dans le jardin, il m'apprend la prise de Jericho par Tsahal (actualite du 14 et 15 mars) et la je vois un tout autre Abdallah, traitant tous les americains, les israeliens, les anglais de terroristes, de chiens et j'en passe. Et la vraiment, de l'existence meme d'Israel en passant par le 11 septembre, Ben Laden, l'Irak, l'Afghanistan, tout a ete repasse en revue sous le theme evidemment de la revolte et de la haine, je ne pouvais que moderer ou au mieux acquiescer sur certains points, rappeler par exemple la position de l'opinion publique europenne sur la guerre en Irak, mais je pense qu'il ne me voyait meme pas ou a peine. Que ce soit en Tunisie, en Egypte ou au Yemen, j'ai souvent entendu des nationaux ou des exiles, parler des travers des palestiniens (des petits delinquants) ou de ceux des irakiens (des bandits) ou des afghans (des paysans sans education), etc... enfin ce genre de generalisation dont on ne sait trop si elle revet du folkore ou d'une relle xenophobie, mais des que ce genre d'evenement a lieu, les rangs se resserent, reapparait l'idee d'une solidarite, d'une nation arabe et musulmane. Et tout ceci etait vecu comme une humiliation de plus pour cette nation, a tors ou a raison...

Pour en terminer sur le theme "phenomenes de societe", j'ai appris l'une des raisons pour lesquelles la mode du port de la burqa integrale noire etait devenue aussi repandue depuis une dizaine d'annee. Lorsque eclate la premiere guerre des US contre l'Irak pour y installer la democratie en... 1991, le Yemen a courageusement pris position en faveur de la resistance irakienne. De nombreux yemeni travaillaient a l'epoque en Arabie Saoudite, pays du wahabbisme absolu et de l'observation stricte de la sharia. L'effet ne s'est pas fait attendre, l'Arabie Saoudite etant aux cotes de la coalition internationale devant liberer l'un des pays les plus detestables du monde, le Kuweit, elle a renvoye chez eux des centaines de milliers de travailleurs yemeni, ce que meme la plupart des partis fascistes en europe n'oseraient faire meme si on leur en donnait les moyens.

Donc ces travailleurs emigres, en SA depuis parfois tres longtemps, sont revenus a Sanaa, a Aden, a Huddeida, etc... avec leurs coutumes saoudiennes. Rajouter a cela la frustration d'une perte certaine de pouvoir d'achat et meme de propriete pour ces familles, un manque d'emplois pour caser tout le monde, un Yemen tout juste en train de se reconstruire couteusement et des actes de mecenat et d'oeuvres sociales inesperes alimentes par de riches sheiks... saoudiens et vous avez la tous les ingredients pour un retour de manivelle integriste.

vendredi, mars 10, 2006

Wadi Dhahr

Un wadi est communement une vallee dans le desert et celle-ci s'etend au nord de Sana'a. Elle fait l'objet aujourd'hui de mon expedition du week-end, comme je compte le faire pendant mon sejour studieux a Sana'a.

Il s'agit d'une valle fertile, etonnement verte, dont le point de curiosite culminant est le Dar al-Hajar, palais construit a meme la roche d'un pic au milieu d'un village. Il a ete construit au XVIIIe et etendu en 1930. Il fut le lieu de villegiature du sanguinaire Imam Yahya.

En fait il n'y a pas grand chose a en dire de plus, j'ai poste des photos dans l'album Yemen page 4.

mercredi, mars 08, 2006

Vie tranquile a Sanaa acte I

En fait, je pourrais chaque jour poster un texte avec pour titre "vie tranquile a Sanaa". Je pourrais aussi l'appeler par exemple aujourd'hui "Journee internationale de la femme". A ce propos, je sais, c'est de l'ingerence, mais n'hesitez pas a aller sur le site du Yemeni Times, journal national en anglais, independant, au 3/4 de la page il y a un sondage si il y est toujours, merci d'y repondre en ame et conscience. Les principales interessees ne sont peut etre pas en mesure d'y repondre. (note 16/3: les lecteurs et lectrices de ce journal ont plebiscite la creation d'un ministere de la femme a plus de 75%).

A la recherche du sesame, le travel permit.

Le seul guide dont je dispose date de 5 ans et concerne tout le moyen-orient, donc il arrive que certaines adresses, certains renseignements ne sont plus vraiment d'actualite. Je me suis donc rendu a l'adresse qu'il indique pour la suite de ma quete du St Graal, a savoir le permis qui me permettrait de voyager de facon independante au Yemen. Je me trouve donc ce samedi dernier devant un batiment imposant, a l'adresse indiquee. En fait d'adresse, il faut etre tres perspicace, il n'y a absolument aucun nom de rue, et il arrive parfois, quand il y en a, qu'ils changent selon la volonte des habitants, remplacant les panneaux sans meme en aviser les authorites. Je n'y croyais pas, mais ceci etait dans le journal cette semaine. Ca c'est de la democratie directe.

Donc, un peu en dehors de la sharia hodeida, on suit la rue de bagdad et on devine la rue numero 5, voila le batiment, immense, 2 ailes de 5 etages, 11 rangees de fenetres de chaque cote. Un grand panneau indique :

Republic of Yemen
Water and environment ministry
Environment protection authority


Au rez de chaussee, une piece de conciergerie, dans laquelle 3 gars sont installes et me disent que ce que je cherche ne se trouve pas ici. Ayant pris l'habitude en deux mois d'aller au dela de ce genre de petits obstacles, je repasse discretement 5 minutes plus tard et je monte au premier etage ou se trouve le ministere. Selon mon guide, le permis s'obtient aupres de la police du tourisme, elle meme liee au ministere de l'environnement. Je me dirige donc vers le premier bureau, je passe ma tete par la porte et la, au bord de l'eclat de rire, je demande a l'assistance "Tourism police ???". Il y avait la bien 15 gars, assis par terre en rond autour de la piece, avec chacun un petit tas de qat devant eux, en train de macher tranquilement leur vegetal. J'etais bel et bien arrive en plein milieu d'une qat session. C'est vraiment une pandemie...

C'est fou le nombre de gens qui vous proposent dans la rue, dans le bus, meme des officiels, des profs d'ecole.... de passer un moment avec eux a chiquer du qat. Jusque maintenant j'y ai resiste. Meme si il s'avere que les effets sont limites, les gens n'ont ni l'air excessivement agressifs ni completement stoned, quel est l'interet a se procurer une nouvelle addiction ? Evidemment, les islamistes, comme toute authorite morale, y voient un signe de decadence, une substance a proscrire comme l'alcool ou la marijuana, les authorites medicales soulignent les effets de perte de libido et sur la sante digestive et dentaire, les ecologistes soulignent le fait que 75% (sic !) des reserves d'eau du pays sont consacrees a sa culture et
saborde la diversite vegetale du pays, mais rien n'y fait, les chiqueurs, qui representent selon les statistiques 80% de la population (meme le president de la republique a avoue en chiquer parfois le week-end) vous diront que ca fait 500 ans qu'on mache du qat au yemen, que c'est absolument sans danger, qu'on a l'esprit clair et qu'il permet meme de se concentrer sur sa tache comme rien d'autre ne le permet.... Enfin, je redoute le jour ou quelqu'un aura l'idee de synthetiser cette plante, la faisant passer de qat a "qatine", l'equivalent de ce qu'est la cocaine a la feuille de coca, je vous dit pas les degats....

Pour les voyageurs potentiels non foireux, je vais quand meme l'expliquer, la police du tourisme se trouve en fait au bout de la 26th of September street, au bord d'un terrain vague a mon avis que seules les agences de tourime connaissent, au rez d'un hotel qui ne se trouve pas loin, preparer des photocopies de son passeport et du visa, etablir un itineraire PRECIS des endroits ou l'on compte se rendre, et pour ma part, l'officier n'a pas voulu me delivrer un permis general. Je vais devoir me rendre chaque semaine pour expliquer ou je compte me rendre le week-end suivant. On va finir par etre potes. Enfin, il a deja accepte le principe que je traverse le yemen d'ouest en est en passant par telle et telle ville, c'est deja cela. Sans permis, pas moyen de passer les controles de police tous les 50 ou 100 km.

lundi, mars 06, 2006

Le Yemen nord, et le sud

Le Yemen rassemble aujourd'hui pas mal de contradictions issues de son passe proche et lointain. Sa devise nationale symbolise d'ailleurs le montage que cette nation tient ensemble, a savoir "Allah, la patrie, la révolution" (Allah, al Watan, al Thaoura). On aurait pu y ajouter "La guerre civile" comme 4e element, mais il est englobe dans le terme "revolution" qui fait plus joli.

Je ne vais pas passer en revue toute l'histoire du Yemen, je conseille ce lien sur l'excellent site de l'Institut du Monde arabe a Paris, lui meme menant a une serie de liens. Le musee de l'armee du Yemen, sur un cote de Midan Tahrir, est un bon moyen local d'apprehender cette histoire assez violente, par le materiel et l'image.

Apres le depart de l'occupant ottoman en 1918, le pays au nord (sanaa) a ete sous le joug sanguinaire de plusieurs Imam's. Le plus terrifiant ayant ete l'Imam Yahya, rien que sa tete est d'ailleurs terrifiante, jugez-en vous-meme. Ce dernier n'hesitait pas a decapiter, ecarteler, corrompre l'armee, l'opposition etant composee des "free officers" fomantant a plusieurs reprises des revolutions qui ont echoue, toutes reglees dans des bains de sang. Ses successeurs, son fils Ahmed et plus tard, brievement avant la revolution de 1962, le prince Mohammed al-Badr, ne sont guere plus enclins au pardon et a la douceur. Le musee montre ceci a renfort d'images et il vaut mieux le visiter avant qu'apres avoir dejeune...

Jusqu'en 1991, le Yemen a ete separe en deux, dans le contexte de la guerre froide, le nord (Republique Arabe du Yemen) plus proche des Etats-Unis. Le sud (Aden) a acquis son independance de l'occupant britannique en 1967, fondant la Republique Democratique Populaire du Yemen, plus proche de Moscou. La reunification du pays a eu lieu en 1990, et un coup d'etat socialiste a ete reprime en 1994. Le leitmotiv reste quand meme l'unite du pays et la reconciliation, il n'y a donc pas de "mauvais regime communiste d'aden" ni de nord acquis aux forces imperialistes qui l'a emporte, il y a un seul Yemen, reuni pour le bonheur de tous ses yemeni. Il n'est pas rare de rencontrer des yemeni, meme assez jeunes, ayant ete faire une ou deux annees d'etudes en URSS, aujourd'hui acquis a l'economie de marche et ayant un business a Sana'a et l'inverse. C'est devenu a present le fond de commerce des groupes islamistes, mais beaucoup de citoyens continuent a revendiquer une meilleure distribution des revenus et maudissent les Etats-Unis, pendant que d'autres les glorifient.

Le musee, revenons-y, meme si les musees militaires ne sont pas ma tasse de the, est un exemple assez unique au monde de reunion dans un meme lieu de materiel militaire americain (nord) et sovietique (sud), le tout sans aucune prise de position ideologique. Malheureusement, il n'est pas possible d'y prendre des photos, mais j'aurais vraiment aime montrer des objets de decoration excellents de l'epoque sovietique, des diplomes du college de la force aerienne russe, a cote d'une photo de Bush pere prise dans le cockpit d'un avion de chasse avec un commandant yemenite fier comme un paon, et divers elements qui valaient le deplacement.

La lecture historique des faits est egalement propre a mon avis a tous les musees militaires du monde. A cote de photos de brules vifs et autres ecerveles par balle, relatifs au coup d'etat manque de 1994, j'ai fort aime le commentaire "as usual, the president Ali Abdullah Saleh has acted in such a wise manner" (comme d'habitude, le president Ali Abdullah Saleh a agi d'une maniere tellement sage), dans une salle juste a cote des exactions de l'Imam Yahya jugees elles sans aucune complaisance.

vendredi, mars 03, 2006

Shibam and koukaban

Premiere expedition en dehors de Sana'a, on va commencer par un petit saut de puce a une cinquantaine de km au nord de la capitale. Le pays a quasi la superficie (les 3/4) de la France pour donner une idee. Etant donne ma connaissance tres sommaire de la ville, je mettrai du temps a trouver le point de depart vers Shibam, et finalement un taxi partage fera l'affaire. Les points de controle sont assez sommaires et j'arriverai en debut d'apres midi a Shibam, de la un chemin brut monte un denivelle assez raide pour arriver au village de Kawkaban, perche sur la montagne du meme nom a 2800 m d'altitude. En fait, Sana elle meme est plus ou moins a cette hauteur, avec le Jebel an-Nabi Shu'yab pointant a 3660 m et juste voisin de la capitale du Yemen. Ce qui explique que malgre un soleil omnipresent en-dessous du tropique, on ne souffre pas trop de la chaleur dans toute cette region. Fin de l'introduction.

Arrive a Koukaban, Yahya le manager tres sympa du seul refuge du village me donne un bon repas et un plan succint pour faire une promenade (sic) de 5 heures sur le plateau et dans les wadi (vallees), tour qui devrait me ramener avant la tombee de la nuit au village. Il ajoute juste qu'il se peut que je sois "ennuye" par des gamins dans les villages au passage et que je devais tenir mes affaires pres de moi, sans plus. Je lui dis no worries man, et me voila parti.

Les paysages sont magnifiques, vraiment. Voir les photos dans l'album Yemen, premiere page, dscn2133 et suivantes. Mais en fait de promenade, ce sera plutot agite.

Je pense deja m'etre trompe de chemin des le depart, empruntant une piste qui me menera au beau milieu du plateau montagneux. Mais rien a voir avec le desert, c'est plat, rocailleux, facile a marcher, c'est plutot une steppe montagneuse. C'est dans ce contexte de plateau montagneux balaye par les vents que j'appercois deux pseudo bergers, qui me voient et m'attendent de loin, la vingtaine, avec chacun leur baton de 2m, leur couteau a la ceinture et la joue gonflee de qat. Le regard est propre aux chiqueurs de qat, les yeux grands ouverts fixes. La pronciation evidemment incomprehensible, essayez de parler, arabe, la bouche pleine, et une facon assez aggressive de s'exprimer, mais c'est juste du a l'effet exitant de la substance. Je parviens a leur expliquer que je cherche le village de Bedougah. Apres quelques discussions, je leur dessine un 100 en arabe sur le sol et ils font des bonds de joie et l'un d'eux m'ouvre le chemin. La marche est rapide, je peux a peine suivre, c'est son environnement. Je ne suis quand meme pas tout a fait a l'aise, mon guide improvise refuse tout debut de conversation, porte constamment la main a la ceinture et semble speede. A la reflexion, je pense qu'il avait autant peur de moi que moi je me mefiais de lui. Apres une bonne demi heure de marche a distance, a la surprise d'une falaise, il me montre, droit devant, encaisse dans la vallee, Bedougah. Bon je sors les 100 ryals, il commence a me faire une scene car il me dit qu'il attendait 100 dollars (US). Je lui fais comprendre qu'il peut danser sur sa tete, qu'on est au Yemen, que je ne suis pas americain et si je dis 100, c'est bien 100 ryals yemenites et non 100 dollars us. En plus ca va pas non... Il voulait visiblement profiter de l'effet de suprise, de la situation completement isolee, personne a l'horizon evidemment. Mais je ne me laisse pas demonter, je lui file 250 ryals (1 euro) et je me casse.

Dans les villages de Bedougha, et jusque Wadi Asouan je serai effectivement poursuivi par une bande d'enfants sur pres de 3 km me demandant sans interruption bic (kalam) et backsheesh, tout en essayant de temps en temps de porter la main a mon sac et/ou a mes poches, mais vraiment rien de grave, le meilleur est pour la suite.

Etant donne que le jour commencait a tomber et que d'apres l'itineraire j'etais a peine a la moitie du tour, et que les chemins n'avaient rien a voir avec une promenade sur la corniche de Nice un soir d'ete, un nouveau guide improvise s'est presente a moi, Mohammed, a qui j'explique ou je veux aller. On passe devant une maison, ou il y a deux gars, dont l'un avec une kalashnikov. Ca discute un peu, je ne comprends rien. J'ignore pourquoi, mais voila que les deux gars, dont celui avec sa mitraillette, nous suivaient a une centaine de mettre. Pour moi, hors de question de quitter la zone plus ou moins habitees avec un guide que je ne connais ni d'eve ni d'adam, plus deux gars dont l'un avec une mitraillette. Je dis d'ailleurs clairement a Mohammed qu'on y va a deux, sinon on reste la. La premiere fois, je dis gentillement aux deux poursuivants qu'ils peuvent rester dans le village ou on les a rencontres. La deuxieme fois, alors qu'ils continuaient a nous suivre, je leur dis qu'ils restent la, fermement. La troisieme fois, alors qu'ils suivaient toujours a une bonne cinquantaine de metres, je me suis arrete et je leur ai crie beaucoup moins calmement qu'ils s'en aillent. Le gars avec son arme me crie, l'air etonne "WHY ?". Je lui reponds "YOU ARE FOLLOWING ME WITH A MACHINE GUN, MAN, DO YOU REALIZE ?". Il avait l'air de completement tomber des nues. Comme si c'etait tout a fait normal... Mais ca va, ils avaient compris cette fois.

Alors la, fait magnifique, apres vingt minutes de marche, mon guide m'arrete d'un geste de la main, et me fait signe de me taire, fait un bond sur le cote du sentier et rentre dans une plantation. Un chien aux aguets derriere le mur commence a aboyer, mais une pierre sur la gueule et c'est regle. Et voila mon guide en train de se bourrer du qat dans les poches dans une plantation sans doute clandestine.

Le fin du trajet, une bonne heure, se deroulera dans la nuit. Mohammed sautait d'un rocher a l'autre... sentier plongeant, remontant, plus de sentier, sentier incline sur une falaise, aucun eclairage, pour moi c'etait beaucoup moins evident. Mais on arrivera a bon port, une route en asphalte d'ou on arretera un taxi partage, et me voila en route pour Shibam a 22 km de la.

Etant donne le cout du taxi, la paie de mon guide Mohammed qui a quand meme bien assure, et la somme que je reservais pour le refuge en haut a Kowkaban, et quand meme une reserve pour retourner a sana le lendemain, pas moyen de prendre un taxi qui doit faire en fait un tour de 20km pour contourner la montagne et remonter. J'avais stupidement sous-estime ces quelques imprevus. Bon ce n'est pas grave, je recherche une lampe de poche dans le bazar de Shibam, mais meme dans un shop de lampes, rien a trouver a part 3 mitrailleuses a vendre au mur et des lampes de tempete hors budget. Monter le sentier escarpe a kowkaban sans un minimum d'eclairage etait hors de mes moyens, vraiment.

Je trouverai finalement un pick-up a tarif modere qui montait la haut, il etait pres de 21h. Yayha, a qui je n'ai rien raconte de mes mesaventures, je ne voulais pas faire le desagreable, m'a vraiment dresse une table de roi et offert une magnifique chambre d'hote ou mon sommeil sera profond. J'aurai encore un exemple flagrant de l'immense hospitalite arabe. Le lendemain je lui explique que je n'ai plus beaucoup d'argent, et avant meme que j'aborde le sujet, il me coupe et me dit que je donne ce que je veux. Ce n'etait vraiment pas grand chose, meme pas le cout d'un hotel minable, mais je lui ai donne tout ce qui me restait sauf l'equivalent d'un euro, de quoi faire les 55km de trajet vers Sana'a.

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