lundi, novembre 27, 2006

Kesako ?


Pour un peu changer de sujet, qu'est-ce que cette bestiole que j'ai surprise en train de vouloir emprunter mon velo ?

mardi, novembre 21, 2006

Pierre Gemayel assassiné

La stratégie de tension continue au Liban. Le Ministre de l’Industrie de la République Libanaise, Pierre Gemayel, fils de Amine Gemayel, l’ancien président du Liban, vient d'être assassiné cet après-midi. La rumeur est montée peu a peu, atteignant la rue, les classes de cours, les lieux de travail. Le Liban est le pays des rumeurs, mais celle-ci est malheureusement confirmée. Son convoi a été attaque à Sin el Fil ou Gdeide, les sources variant, dans la proche banlieue de Beyrouth Est ou se trouvent les quartiers chrétiens. L’événement vient d’avoir lieu et il est encore trop tôt que pour tirer la moindre conclusion. Je ne sais pas jusqu’où va mener cette tension politique. Pierre Gemayel faisait partie du Kataeb, parti associe au gouvernement Signora. Quoi que l'on puisse penser de ce parti, cet attentat est tout sauf bon pour le Liban.

Update 23 novembre :

Aujourd'hui, enterrement de Pierre Gemayel et manifestation monstre dans un remake de celle qui a conduit a la fondation du mouvement politique du 14-mars, lui meme traduit en une victoire electorale menant la coalition actuelle au pouvoir.
The same day, three events occured, and it's hard to say if they are linked or not :
  • Pierre Gemayel, minister of industry of Lebanon has been assassinated
  • The UN, the same night, have given their "go" for the international court judging the murder of Rafic Hariri
  • Syria and Irak have re-established their diplomatic relations (after 25(?) years) and Syria have admitted the principle of american troops being based in Irak, while other sources say it could be the beginning of a regional alliance between Syria, Iran and Irak, without the US. I don't believe in that, I believe only in realpolitik. And within this frame, america IS the primary player in Irak.

Syria and Iran have been immediately accused for the murder of Pierre Gemayel by the members of the governing majority. There are arguments and reasons to believe so. I know people who have been living the last few months in Syria, and the opinion there is that the syrian government want, by a way or another, by any possible ways, avoid the international court. This ranges from destabilizing the region, to even reactivate the golan front against Israel (the most peaceful front in the world for more than 3 decades now). That's true there are absolutely no doubts re. the former crimes, that Syria was AT LEAST involved or aware, when looking at the way the impressive bomb attacks were conducted, in a country ruled by the syrian occupier. At the other side, I do not understand what would be the meaning of such an initiative (killing somebody else in the lebanese government) as it only fastens the establishment of the court (see the vote, the same night, at the UN security council). For the last assassination of Pierre Gemayel, there are also troubling facts : the operating modus was different (commando vs. bomb), in the heart of a christian quarter, by 3 men even not covered and who could escape without difficulty while there is a cop every 10 meters in the street.

Yesterday I was in the bekaa, in baalbek, within hezbollah bases. The following is also an opinion shared by left wing members of the communist party and also by supporters of the former general Aoun (christian leader in the opposition). The murder could come from close christian bases close to the majority. The goals are : forcing the international court, and above all, attract "lost souls" aka. the important christian minority following the general Aoun to reintergrate the lebanese forces against Hezbollah and Syria. This scenario is also hard to believe, but it is a possible option.

The third possibility, there are different opinions actually : a mafia "reglement" ; or an operation approved, if not supported, by the united states, not happy to see that an UN mission, mainly lead by France and other european powers, is taking leader ship and is managing to keep peace in the region (it could be dangerous for the american hegemony in the region) : not afraid to threaten Israel if they move and determined in impeaching Hezbollah to re-establish its military presence in the south ; the Hizbullah itself, in order to sthrengten the tension strategy with the goal of forming a national unity government where they would be better represented ; or even, the mossad, Israel not willing a pacified Lebanon.etc... As you can see, Lebanon is still the country of rumours and imagination, more than ever.

Practically, we are not far from a civil war. You just need two factions for that. No need for an hostile divided population as we commonly believe, as if an entire community of one country wanted to fight with the members of another community. We know that Hizbullah is armed, and it seems the Lebanese forces are as well. The lebanese "official" army could not stay as fair as they look like. We will see in the next few days and weeks if there are forces in this country willing to lead it to a civil war again.


(photos : images de la manifestation du 23 novembre sauf la derniere, vue du toit de mon immeuble)

mardi, novembre 14, 2006

Beyrouth (2)

Le dernier événement qui tient la presse en haleine et parfois le passant, sont les négociations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, incluant une part plus grande de ministres du Hezbollah, du Courant Patriotique libre (Général Aoun) et de Amal, un mouvement chiite. Il y aurait nécessité de former un tel gouvernement en raison de la guerre de juillet et de l'extreme tension : on a quand meme tire ces dernieres semaines plusieurs fois au mortier, de façon non revendiquee, a cote du parlement et du siège du gouvernement, sur deux casernes de police... Il est curieux de voir comment ces actes sont relativement banals ici. Néanmoins, c'est assez sérieux que pour faire quelque chose. Le parti de Dieu estime également que la donne a complètement changé depuis cette dernière guerre. On se souviendra de la fête du Hezbollah, rassemblant plusieurs centaines de milliers de sympathisants et de curieux à Dachye au sud de Beyrouth il y a un peu plus d'un mois. Il ne serait même pas nécessaire d'aller plus loin, l'enjeu ce sont les élections anticipées. Mais on est au Liban et tout doit se faire de façon théatrale sinon dramatique, ce qui me convient assez bien quelque part.

Le hezbollah demande donc une minorite de blocage d'un tiers au sein du gouvernement. On les soupconne de vouloir bloquer le proces hariri, le tribunal international qui amenerait des syriens et des libanais haut places devant la barre des accuses. Il est aussi question du round Paris III, le programme d'aide économique international pour le Liban. Ce terme "minorite de blocage" est une expression utilisée par la majorité. L'opposition parle plutôt de minorité de participation. Ce qui a du sens. Comment parler de gouvernement d'union nationale si certaines des parties n'auraient qu'un role de figuration dans ce gouvernement ? Le dernier deal sur la table, à savoir de troquer une minorité de participation / de blocage contre la garantie de la tenue du tribunal international, présenté vendredi, semble aller dans le sens que l'opposition ne tient pas à bloquer l'issue de ce tribunal. Il faut dire que les garanties présentées par l'ONU, exactement au moment où ces réunions "de la dernière chance" successives avaient lieu à la place de l'Etoile, facilitent le troc. Les chefs d'Etat gardent leur immunité (comment le conseil de sécurité de l'ONU eut-il pu en décider autrement, il ne faudrait quand même pas créer un dangereux précédant) et l'assassinat d'Hariri et d'une vingtaine d'autres personnes dans une explosion quasi sans précédent due à un camion piégé avec deux tonnes de TNT, ne sera pas jugé sous le principe de crime contre l'humanité, avec raison gardée également. Mais meme ce troc, personne ne sait plus d'ou il vient, par qui il a ete propose, 4 jours apres qu'il ait ete depose sur la table. On interroge le concierge.

Ce week-end, comme vous avez pu le lire dans la presse internationale, les 5 ministres Hezbollah et Amal, ainsi qu'un ministre fidèle au président Lahoud, lundi matin, ont démissionné, devant l'impasse des négociations. Le premier ministre Siniora a refusé tactiquement ces démissions, pour ne pas valider le caractère anti-constitutionnel qu'aurait un gouvernement ne regroupant pas certaines des minorités nationales. Ce lundi même, le gouvernement réduit de ses ministres démissionaires a tenu une réunion extraordinaire validant le draft rendu par l'ONU sur la tenue du tribunal international pour juger de l'assassinat de l'ex-premier Rafik Hariri. C'est donc un feu vert pour le tribunal.

Tout ceci, vous pouvez l'imaginer, dans un rafus de formules chocs, et de grandes paroles de martyrisation, "Ils veulent assassiner Rafik Hariri une deuxième fois", le terme de "5e colonne" revient régulièrement, l'appel à descendre dans la rue, même pacifiquement (de la part d'un mouvement, le Hezbollah, qui détient un arsenal militaire) serait un acte "dont les auteurs devront supporter toutes les conséquences", d'un coté. D'un autre côté on sort les accusations de collusion, voire de trahison organisée avec l'aide de l'ennemi americano-sioniste. Ca vole bas, dans un concert d'appels et de déclarations toutes plus mélo-dramatiques que les autres.

Il y a deux aspects avec lesquels je voudrais terminer cet exercice libre.
Si ce tribunal est reellement le point sensible de toute cette negociation.
Pour certains, notament au sein de la majorité menée par le mouvement du 14-mars, les deux vont de pair, et on peut le comprendre, mais l'objectif pour le liban, devrait etre l'independance nationale et non le debat de principe sur la culpabilite de tel ou tel politicien. La justice et l'indépendance nationale risquent bien d'être des principes incompatibles dans ce cadre. Car cette culpabilite, meme si elle est etablie et condamnee, il faudra encore que la sanction soit executee, ce qui est loin d'etre acquis. Les syriens seraient deja prets a reactiver le front du golan contre israel, en vue de detourner l'attention de la communaute internationale et empecher le proces hariri coute que coute. Que vaut la condamnation de 2 ou 3 pontes, situation qui va encore exacerber les passions et crisper les positions, en comparaison avec l'occasion historique pour le liban d'acquerir pour la premiere fois depuis 30 ans sa veritable independance ? Ne serait-il pas judicieux d'organiser en coulisse la voie de sortie de certaines influences nefastes ?

Deuxièmement, le debat est accapare par l'influence etrangere sur le Liban. Par consequent, toute avancee sur la fonction et l'organisation de l'etat, les infrastructures, la reconstruction, son role social, l'education, passe au second plan. Une veritable independance, sur des bases solides, passe au depart par l'unanimite des composantes de la nation dans un projet commun. La focalisation des débats s'est faite autour du procès de l'assassinat d'Hariri et de la minorité de blocage. Si l'on considere donc que ce procès est admis par l'opposition, et c'est à l'ensemble de la classe politique qu'il faudrait poser la question, au nom du peuple libanais : quel est votre projet ? On a parlé de Paris III, en pointille, et du procès Hariri, mais absolument rien d'autre n'a transpiré de ces réunions marathon, ce qui personnellement me laisse sur ma faim.




(photos : Beyrouth sauf la derniere, detail de la citadelle de Tripoli)

mardi, novembre 07, 2006

Beyrouth (1)

J'en apprends tous les jours sur la politique libanaise. C'est vraiment un concentre de tout ce que la politique peut faire de pire sur une societe. Je commence a decerner les differents courants, qui est qui, qui est allie (temporaire) avec qui. C'est clair que comprendre la politique libanaise est le meilleur exercice que pour mesurer le machiavelisme et le realisme de n'importe quelle situation politique dans le monde. C'est aussi être témoin de l'impuissance absolue de la politique, dans la mesure où elle n'a pas empêché une guerre qui a duré 15 ans, et elle semble de nouveau mal adaptée à la situation actuelle.

Il y a trois semaines, de nombreuses voitures, camionnettes, 4X4,... partent de Jounieh, la cité balnéaire bourgeoise du Liban, à 15 km au nord de Beyrouth, en cortège. On arborre la photo d'un gars qui ressemble vaguement a JFK. Il s'agit de Dory Chamoun, fils de l'ancien president, chef du parti liberal, allie de Aoun en 1989 lorsque ce dernier a commence sa campagne militaire pour mettre l'armée syrienne dehors. Aoun a échoué et est parti, exilé en france. Le clan Chamoun est reste et Dory s'est fait assassiner chez lui, avec sa femme et deux de ses 4 enfants par la milice phalangiste de Geagea et les syriens. Geagea s'est fait condamner a mort entre autre pour ce fait en 1994. Sa peine a ete commuee en peine de prison. 11 ans plus tard, en 2005, Geagea est sorti de prison et est a present le chef du parti des forces libanaises (heritiers des phalanges) qui fait partie de la coalition... anti-syrienne du 14 mars. Aoun est aujourd'hui l'allie du bloc qualifié de "pro-syriens", en tout cas avec le hezbollah. Un exemple de retournement de veste réciproque, tu me passes ta veste, je te passe la mienne.

Tout ceci mene a des situations ou sur un meme mur on verra des affiches surcolees ou quasi cote a cote de Dory Chamoun (liberal chretien), Samir Kassir (laic de centre gauche) et Rafic Hariri (sunnite de droite) tous les 3 assassines, puis sur le meme mur les posters de leurs assassins. Voilà la politique au Liban, c'est la joie. J'ai parfois envie de me munir d'un pinceau et d'un pot de peinture et de tracer des flêches entre les portraits, des liens, des signes "=", des signes "><", des petits coeurs etc... Ce serait une nouvelle démarche éducative intitulée "la politique libanaise expliquée au passant".

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