jeudi, février 23, 2006

Le desert du Sinai

Arrive mardi soir de Sharm el Sheik via Dahab et Nuweiba, a Tarabin, j'ai trouve refuge dans un camp de huttes au bord de la plage, j'en parlerai plus tard.

Ce mercredi matin (hier) donc, j'ai decide, contre l'avis des responsable du camp, de faire un trek dans le Sinai "on my own", en trouvant l'un ou l'autre transport jusqu'a l'entree d'une piste que j'avais reperee sur une carte, menant au "coloured canyon". A l'entree de cette piste, a court d'eau, j'etais content de tomber sur un policier de faction dans sa cabane a cet endroit qui a rempli ma bouteille de l'eau de sa citerne en plastique, je me suis fait a toutes sortes d'eau en quelques semaines donc pas de problemes...

Je suis rentre dans ce desert montagneux vers 11h, marchant en suivant les tracks de jeep datant de je ne sais quand, en m'arretant pour juger le paysage. C'est fou ce que ca nettoie l'esprit des experiences pareilles. Le desert possede ce don de vider votre tete et il faut meme parfois de gros efforts pour se rememmorer ce que vous avez fait la veille, tellement cela semble loin dans ce vide. En fait de vide, les details de vie en ressortent beaucoup mieux, le moindre rapace ou insecte rempant est un evenement a meme d'attirer votre attention. Ca a l'air con, mais c'est assez singulier, on est tout content de rencontrer un arbre, un buisson, un scarabee... et vers 17h, je rencontrais le premier humain, un hollandais d'une cinquantaine d'annees et sa femme, arrives par l'autre bout de la piste en chameau avec guide, en fait le chemin le plus court. Je m'etais donc trompe d'entree... Alors qu'on discutait je le vois encore dire a sa femme, zeg, wij moeten nog de spullen klaarmaken en het is bijna donker ou un truc dans le style.

Ca faisait longtemps que je n'avais plus entendu le doux son de l'accent de nos voisins du nord.

Encore une demi heure au cours de laquelle je rencontrerai un bedouin sur son chameau qui a tente de me dire qu'en fait le coloured canyon etait vers l'endroit d'ou je venais (a d'autres, de gros farceurs ces bedouins), et c'est juste avant le coucher du soleil que je me suis ecroule sans un mot sur un matelas typique dans une cafetariat, un refuge de montagne en fait, garde par un bedouin qui ne parle pas un mot d'anglais qui etait en train de fumer une chicha avec un collegue de la vallee.

Inutile de dire que les mots sont inutiles dans de pareilles circonstances. Il m'a amene une bouilloire de the, des galettes de pain, un truc a ramasser avec le pain, je ne sais quoi mais c'etait vu les circonstances le meilleur repas absorbe depuis longtemps. Un troisieme collegue bedouin de la vallee est monte et on a termine la soiree dans une salle enmitouflee a l'arriere devant la tele et ses chaines satellites en fumant la chicha, le tout entrecoupe de quelques fou rires.

Je ne sais meme pas le nom de mon hote, mais comme ma venue n'etait pas officielle, liee a aucun groupe de touristes, il m'avait prepare a l'improviste une chambre dans l'une des ailes du refuge, avec 3 ou 4 couvertures, avec l'eclairage par bougies, c'etait vraiment une chambre de roi en bivouac. Dehors, la grosse tempete s'est levee peu apres le coucher du soleil. Je ne sais pas ce qui a mis ce refuge sur mon chemin, car avec le recul, je pensais sincerement trouver une jeep sur place et rentrer avec elle, mais il y avait longtemps que la derniere jeep avait quitte les lieux par l'autre bout de la piste.

Ce jeudi, une nouvelle journee de trek en solitaire m'attend et cette fois, je compte retrouver le chemin le plus court vers la route asphaltee de la veille, apres quand meme etre passe par cette fameuse "coloured valley". Ce sont en fait des montagnes creusees par les vents et des eaux qui devaient sans doute couler il y a bien longtemps, ce qui forme aujourd'hui des passages encaisses, des trous, au milieu de murs aux tons dores et blanc neige. Des veines rougeatres traversent de temps en temps les roches rencontrees, de la le nom de la vallee.

Apres ces passages, je fais demi tour vers ce qui devait etre la piste de jeeps, il devait etre 10h. A 12h, je n'avais plus d'eau, et bien que j'etais quand meme etonne par le peu de passage de jeeps, sinon leur absence totale depuis deux heures, je continue. Le plus penible en fait quand on marche dans le desert, c'est d'avancer dans le sable quand on est presse, et surtout, les mouches. Apres avoir axe ma reflexion sur le moyen d'eradiquer les mouches de la surface du globe, je me suis retrouve vers 15h devant une veritable impasse. Avec du materiel d'escalade, et une tenue adequate, il y aurait bien eu moyen d'escalader et de passer ce col qui se presentait devant moi, mais avec facilement 30 m de denivelle vers le bas en-dessous du col, cette roche de plus en plus poreuse et personne a je ne sais de kilometres a la ronde, ce n'etait sans doute pas une bonne idee. Demi tour et retour au debut du couloir que j'avais emprunte.

Je venais donc de marcher une heure pour rien, et la situation devenait critique sans eau, un soleil tapant un bon 30 degres dans une secheresse implacable et qui devait se coucher 3 heures plus tard, il n'y avait plus de temps a perdre. Meme si, entre parenthese, le voyage est par excellence une activite DE NUIT dans l'univers imaginaire arabo-musulman, de la le calendrier lunaire et tout ce qui en decoule et c'est vrai que le meilleur moyen de traverser des paysages arides ou il fait la journee entre 30 et 40 degres sans une ombre est de le faire la nuit, sous l'eclairage tamise de la lune. Mais ce n'etait pas vraiment une option. Fermons la parenthese.

De deux options plus realistes, l'une. Soit refaire en sens inverse exactement le chemin parcouru et retrouver le refuge de la veille. Soit continuer vers l'ouest toutes, je finirai bien par tomber sur cette fichue route en asphalte et de la je ferai du stop pour retourner a Nuweiba. En fait je ne savais plus tres bien si je suivais des traces de jeeps ou des reliquats de trainees de boue datant de mathusalem. Comme prevu, je retomberai quand meme sur cette route en asphalte vers 17h, peu frequentee, non sans m'etre retourne une derniere fois sur cet endroit qui ne m'avais pas abattu. Vers le milieu de l'apres-midi je n'en menais quand meme pas large. Apres m'etre rafraichi et rehydrate au camp, et apres les quelques taquineries d'usage sur mon "periple" (a mon avis ils y garderont l'image d'un fou ou d'un inconscient), on a regarde sur une carte et apparemment, vu l'endroit ou j'ai rejoint la route, a 30 km de Nuweiba, j'avais devie un peu trop vers le nord, faisant quasi 30 km dans le desert au lieu de la quinzaine max que j'aurais du faire, visite du canyon comprise.

Pour les photos relatives a ce post, voir album Egypte PAGE 15, dscn2068 et suivantes. D'autres sont en attente dans mon appareil argentique.

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