dimanche, septembre 24, 2006

From Boulder to Beirut

Voici le blog d'une personne que j'ai rencontree a plusieurs reprises lors de mes premieres semaines a Beyrouth et au gre de mes demenagements, Dan C. Winters. Dan est activiste au sein d'associations americaines qui oeuvrent pour la paix, dans une perspective critique du role joue par les Etats-Unis sur la scene internationale.

How I spent my summer vacation - Part 1 of 2 parts
Dan Winters
As the plane touched down at Beirut International Airport many of the passengers applauded. This was one of the first flights to land at the airport since the Israeli invasion of Lebanon in July 2006.
My trip to Lebanon was a project of the Rocky Mountain Peace and Justice Center (RMP&JC), headquartered in Boulder, and also the Coalition for Peace and Justice in the Middle East, headquartered in Denver. Members had contributed funds and an airline ticket to get me to Lebanon to distribute funds donated by individual members to grass roots organizations. In addition, I was planning to start a one person office to help facilitate getting information back to the United States.
This is part 1 of 2 parts. What follows are excerpts, and some editing, from a blog I wrote at http://www.daninlebanon.blogspot.com which readers can visit to read the full text of part 1 and also the full text of what will be part 2 in the next newsletter.

samedi, septembre 23, 2006

Les champs de mines du Sud Liban

Mine Action Coordination Center (UN), Tyr - Le centre de coordination des Nations-Unies pour le Liban Sud est implante a Tyr (Sour) depuis quelques annees. Son action consiste a coordonner les interventions d'une deux-centaine de demineurs repartis dans differentes ONG. Ils attribuent les autorisations de deminer en fonction des competences des ONG et ils etablissent egalement une typologie exhaustive des mines trouvees sur le terrain. Voir particulierement http://www.maccsl.org . Un tableau mural indique les plus grandes concentrations de zones qui restent a etre nettoyees : Mad Al silm, region de Tyr, Zawtar, toute le zone entre Bint Jbail et Tibnin.

On denombre 4 millions de sous-munitions eparpillees au Liban, semees par l'armee israelienne. Une par Libanais.

Il est assez curieux de constater que les groupes (ONG) de deminage proviennent, a de rares exceptions pres, des pays producteurs de ces memes mines. Sur les murs, les notices explicatives des mines anti-tank et des mines anti-personnelles proviennent de : Israel bien sur, l'Italie, Grande-Bretagne, France, Belgique, Hollande, quelques mines de l'ex-Yougoslavie, de la Chine et evidemment des USA. Pas vu de mines anti-tank (posees par le hezbollah) ni de mines anti-personelles (bombes a fragmentation balancees par Israel) ayant ete fabriquees en Syrie ou en Iran.

Abu Liban

Des fragments de bombes a fragmentation de fabrication chinoise jonchent le sol dans la zone directe autour du village. Seules 40% de ces petits engins gros comme un telephone portable explosent au contact avec le sol. L'imprecision technologique ou la vetustete de ces bombes restees en hangar pendant plusieurs annees fait que plus de la moitie d'entre ces fragments (clusters) n'explosent pas et se retrouvent ainsi dissemines dans la nature, pendus a des branches d'arbres, enfuis entre des rochers, et constituent un danger pendant plusieurs annees. Une bombe a fragmentation (cluster bomb) peut contenir jusque 640 fragments (clusters). Ces fragments, en explosant et se dechiquetant, projettent dans leur environnement immediat des dizaines de morceaux de metal, aiguises comme des lames de rasoir.

La majorite des bombes a fragmentation dans cette zone ont ete larguees dans les deux jours avant le cessez-le-feu. C'est une technique de "terre brulee" appliquee par Israel a la sauce XXIe siecle. Autour, ce sont des zones de cultures en plateau, desechees, pres du village. Il n'y a apparemment aucune raison pour laquelle la zone a ete tapissee de bombes, voir plus haut.

La petite soeur de Hassan a un jour trouve l'un de ces fragments et immediatement son grand frere de 10 ans lui a dit de lacher immediatement la chose, il a vu a l'ecole ou ses parents lui ont explique que ce n'etait pas pour jouer. Sa petite soeur l'a jete de colere entre eux deux. Plus de peur que de mal pour Hassan qui a ete transporte a l'hopital de Sour (Tyr) et il s'en tire avec une bonne cicatrice de 20 cm au ventre. Hassan est a present le heros, le gamin de dix ans "qui a deja fait la guerre contre Israel", au milieu de ses petits camarades qui s'esclaffent de rire.

Famille a Aita

Le chef de la famille nous fait le topo de tout ce que le Hezbollah lui a promis suite a la destruction totale de sa maison de trois etages, une bien belle masure. Dix mille dollars upfront pour se loger, se nourrir, racheter des meubles plus tard, enfin, ce qu'il veut en faire. Deblaiement gratuit des gravats par une dizaine de volontaires du parti, et reconstruction de sa maison comme elle etait avant la guerre. Clefs en main. Au loin, sur la colline, on appercoit les postes avances de l'armee israelienne, sur la ligne bleue. Du lieu ou l'on parle jusqu'a ces postes faits de tours et de barbeles, les drapeaux jaunes et verts du hezbollah flottent sur les maisons libanaises. Aita est un village qui a ete occupe durant 20 ans par Israel. Les message adresse a chacun etait clair : tu co-operes et tu restes, ou tu te casses. Une cinquantaine de personnes du village sont connues notoirement pour avoir travaille pour l'ennemi. Lors des evenements de juillet / aout, les Israeliens ne pensaient pas rencontrer une telle opposition dans et autour du village.

Pendant les deux heures passees dans cette maison d'Aita, on verra vingt personnes de passage, ca rentre, ca sort, les freres, les cousins d'a cote, les voisins, l'oncle juge en amerique et le neveu businessman du Canada... Oui, c'est clair qu'on est au Liban.

dimanche, septembre 03, 2006

Destruction massive

Station de Cola, Beyrouth sud. Un minibus public nous emmene vers Saida (Sidon). Les Libanais observent les degats en route. On contourne deux ou trois ponts detruits. L'un d'entre eux a deja ete reconstitue temporairement par le genie civil. On passe dessus sous les yeux d'une garnison de casques bleus francais. A droite de la route, sur la plage, des dizaines de camions militaires francais sont alignes. Un dernier pont detruit pres du stade de Saida, et nous arrivons a la sation de bus de la ville.

Entre Saida et Sour (Tyr), la demolition est plus apparente. Les ponts et les maisons detruites ne se comptent plus. Ici aussi le genie civil a fait son oeuvre. A Tyr, pas d'autre possibilite que le taxi pour aller a Bint Jbail, a 40 km de la. Les taxis commencent a avoir l'habitude des "packages journalistes de guerre tout en 1". Et les prix sont de de l'ordre de 50 USD pour un taxi avec 2 ou 3 arrets, 2 heures d'attente a Bint et retour a Tyr. Jack et moi, nous voulons etre libre de nos mouvements et allons faire comme les locaux et partager un taxi aller-simple a 5 dollars avec les menageres qui reviennent du marche de Tyr. La vie continue.

Kherbet Selem - 10 km apres Tyr, les immeubles effondres sous les bombes se succedent. Un soldat libanais se tient devant chaque maison detruite. Il faut empecher les enfants qui jouent et rigolent sur les trotoirs d'aller s'aventurer dans les ruines et de toucher des debris d'obus. Devant ces maisons detruites, des bannieres sur lesquelles on peut lire "Notre sang a gagne", "USA : ceci est votre democratie" ou encore des posters sur les abris de bus, places par le Hezbollah, en anglais cette fois "The divine victory". Ceci revet parfois un caractere un peu pathetique dans le paysage devaste.

Kounine - Bint Jbail, villages fantomes ou l'on trouve quelques libanais et quelques journalistes. Une inscription en arabe sur un immeuble en debris dit que "Nous avons ete forts dans la guerre, nous serons forts dans la reconstruction". La plupart des batiments ont ete construits il y a 6 ans, apres le depart israelien du sud-Liban. Autour de moi, on dit qu'il ne faudra pas plus de deux ans pour tout reconstruire, et ce sera meme en mieux. Les Israeliens ne purent jamais entrer a Bint Jbail, ils furent bloque a l'ouest et a l'est de sa peripherie. Pas un seul soldat de tsahal n'a pu rentrer dans la ville, donc les Israeliens l'ont rasee. Malgre l'ampleur des degats, il n'y aurait eu miraculeusement qu'une vingtaine de morts ici.

Monsieur Roger (non d'emprunt, un chretien libanais de Beyrouth qui a sa maison de "campagne" a Bint Jbail), nous fait visiter sa maison, situee dans la vieille ville. On rentre dans une piece living room, je me disais que jusque la, ca allait. Mais la deuxieme partie de sa maison est a ciel ouvert. Il est arrive il y a deux jours pour constater les degats. Il regrette de ne pas pouvoir nous offrir un the ou un cafe, comme le veux le principe d'hospitalite. Il nous en aurait bien offert, mais sa cuisine est inaccessible, recouverte de debris de beton arme. Au mur pendent encore les photos de ses deux fils. Ils sont aux Etats-Unis. L'un est docteur dans le Connecticut, l'autre mene des etudes d'ingenieur au New Jersey. Monsieur Roger n'aime pas le Hezbollah, mais il faut bien avouer qu'ils se sont bien battus. Le parti de Dieu lui a promis aussi 5000 USD pour la reconstruction de la premiere partie de sa maison. Les murs a l'interieur sont deja numerotes par les officiels du parti. Et l'etat libanais, que va't-il faire pour vous ? Jusque maintenant, on ne sait pas tres bien. Il y aura les fonds internationaux aussi, mais on ne sait pas encore quand et comment ils arriveront ici.

Canaa - Une parenthese, quand on y pense un peu, on marche la ou Jesus a foule la region un peu partout de ses saintes sandales. La ou tsahal a transforme l'eau en sang.

Une vingtaine de femmes en deuil sont venues se recueillir sur le lieu erige en mausolee, proche de l'immeuble 3 etages ou ont peri 25 enfants en juillet. Des petites chaises de jardin sont disposees. Sur chacune d'elle, la photo du petit disparu et un bouquet de fleurs. Moment de recueillement.

Des drapeaux libanais et des drapeaux du Hezbollah flottent autour du mausolee. Des tirs de roquette sont partis d'ici. Le resultat fut une punition collective.

Face a la loi du plus fort, quand ce dernier ne connait que sa propre loi, ne reste au plus faible que d'utiliser des moyens hors-la-loi. C'est ce qu'on apelle communement "terrorisme". Mais le plus fort a-t-il le droit d'utiliser des moyens hors-la-loi pour imposer sa loi ? Le pendant du mot terrorisme dans le droit du plus fort ne s'apelle-t-il pas "crime de guerre" ? Peut-etre qu'un jour des tribunaux se pencheront sur ce qui s'est passe a Qana. On peut toujours esperer.

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