lundi, décembre 25, 2006

Mar Mousa

Syrie - Un petit message a caractere touristique dans ce monde de brutes.

Des que je suis arrive au bas de la vallee qui monte au monastere Mar Mousa, accessible a pied seulement au travers d'un escalier d'un kilometre et demi, un grand barbu, style ivan reebrov, grand coffrage, grosse voix, m'a adresse la parole. Je pensais que c'etait un guide touristique, il parlait toutes les langues, en tout cas anglais, italien, puis francais. Nous avons emprunte les escaliers ensemble. Quand je lui ai dit que j'etais belge, il m'a tout de suite donne une situation politique et sociale de la belgique dans des termes que peu de gens en belgique meme seraient capables de tenir. Il m'a demande des nouvelles de beyrouth et du liban. Puis le lui ai demande si il habitait la-haut, et en fait, j'avais affaire au pere superieur du monastere, ca commencait fort.

Il s'agit d' un pere jesuite, Italien et il s'apelle Abu Paolo, etabli la depuis 25 ans. Alors, il gere sa citadelle comme une petite entreprise, on y fait du fromage, du pain.... Il a ouvert cet endroit au monde entier, tout le monde est bienvenu. Il n'y a rien a payer pour le logement, ni meme pour la nourriture. La seule condition est de participer a la cuisine, le menage, donner un coup de main ici et la si on reste plus longtemps. J'avais apporte un kilo de dattes du marche de damas. Avant il n'y avait pas d'escalier il y a 4 ou 5 ans. Il fallait faire le grand tour par an nabk, le village a cote, par le col de montagne, des kilometres a faire dans la montagne. Ils ont construit un deuxieme monastere joignable par un escalier metalique au dessus du ravin, a donner le vertige. C'etait des l'epoque romaine une citadelle d'obsertvation sur la vallee, sur la route qui relie damas a palmyre (tadmor). D'ailleurs l'unique porte d'entree de la citadelle principale fait peut etre 1m20 sur 80 cm et c'est assez escarpe. Pour les amateurs de retraite et de silence, c'est un lieu tout indique.

Le reveillon de noel proprement dit nous etions une quarantaine je dirais, moitie syriens, moitie francais / italiens. Veillee de meditation de 3 heures avant la messede minuit. Je n'y suis pas alle, j'etais avec les 5 ou 6 syriens restes dehors, pour exercer mon piteux arabe, mais je progresse. En tout cas, c'est un endroit que je conseille vivement a celui capable de respecter les lieux des hotes qu'il frequente.

Le lendemain, apres avoir fait une marche dans les collines escarpees autour du manastere, on est redescendu avec 3 syriens chretiens de damas avec leur voiture, en repassant par maalula, c'est l'un des 3 derniers villages du coin ou on parle encore arameen, la langue de jesus. Au mois de septembre se tient une fete villageoise a Maamula, au cours de laquelle des troncs d'arbres sont jetes du haut d'une falaise dans un grand feu de joie. Si je suis encore dans la region, je tenterai de ne pas manquer cela. Joyeux Noel.

mardi, décembre 19, 2006

La democratie, c'est pas pour toi, mon gars.

Au cours de ces mois passes en Tunisie, en Egypte, au Yemen, en Iran et en Syrie rien que pour ne citer que quelques pays significatifs, et en attendant d'aller en Arabie Saoudite a Paques ("pourquoi pas ?" me disait un pote sunnite de Beyrouth avec amusement), je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi le pays que je traversais etait considere, par l'Occident, a savoir les gouvernements que je suis sensé avoir élu avec mes congeneres, l'un comme faisant partie de ces monstrueuses dictatures placées sur l'axe du mal, l'autre comme étant un régime ami. Ceci alors que les conditions de vie quotidienne, la répression policiere, le mépris de l'état pour ses citoyens, la muselage de la presse et de la liberté d'expression ne variaient sommes toutes que de quelques millimetres et pas toujours dans le sens que l'on croit.

Pourquoi decide-t-on de soutenir des gouvernements liberticides et autoritaires, legitimés souvent (mais pas toujours) par le fait qu'ils constituent un rempart contre l'islamisme, comme si les Arabes se contenteront bien d'un pis-aller. Quelle condescendance et quel mépris de la part de nos gouvernements. Je pense ici particulierement a l'Egypte et au Yemen, et meme a la Syrie, dont le gouvernement a longtemps été un partenaire respectable dans les chancelleries occidentales pour cette raison.

Prenons la stratégie des neo-conservateurs américains, affirmant, le coeur sur la main, que le but de la guerre en Irak était de provoquer une "réaction en domino" au Moyen-Orient. La chute de Saddam aurait, selon eux, provoqué une vague de démocratisation de Islamabad a Rabbat, dans un Moyen-Orient redessiné par leurs soins. On sait aujourd'hui que les Etats-Unis sont aujourd'hui forcé de composer en Irak avec des religieux parmi les plus fondamentalistes du Proche-Orient.

Lors d'une conférence donnée par un ancien ambassadeur US a Beyrouth, quelqu'un de tres ouvert sur la question et je pense, sincere, celui-ci se demandait, chiffres a l'appui, et un peu sans doute pour animer le débat, pourquoi les Etats-Unis récoltaient de si pauvres résultats en matiere d'opinion publique favorable au Moyen-Orient. Au-dela du débat de savoir pourquoi, je lui ai demandé si réellement, les Etats-Unis, dans sa politique extérieure, attachait la moindre forme d'importance a ce genre de considération aussi secondaire que l'opinion publique des peuples du proche-orient au sujet de cette politique.

En fait c'est en lisant un passage dans un essai d'Amin Maalouf, auteur francais et libanais, intitulé Les Identités Meutrieres, que cette question a pris un autre relief. Cette maniere de procéder dans la région n'est pas neuve, elle n'est pas l'apanage des Americains, loin de la. Je n'apprendrai sans doute rien aux historiens du Proche-Orient. Mais les puissances européennes ont séparé les régimes entre bons et mauvais bien avant eux. En voici un exemple.

En 1799, Napoléon envahit l'Egypte. Ceci fut le début d'une réflexion dans le pays conquis en vue de savoir pourquoi, en quelques siecles, l'Occident a pris une telle avance dans tous les domaines techniques et militaires sur l'Orient, conduisant a la défaite cuisante de 1799. Dans ce contexte apparait 6 ans plus tard le roi Mohammed Ali, un visionnaire, Albanais, ancien officier ottoman, qui va se mettre en tete de combler le retard de l'Egypte sur l'Occident. Il fait engager des medecins europeens et fonde des hopitaux universitaires. Il engage des officiers napoleoniens dans son armée. Il entame une réforme politique et judiciaire, il soutient le progres technique et scientifique dans un effort sans précédent pour la modernisation de l'Egypte (ceci n'est pas du tout souligné sur un site comme wikipedia sauf pour des raisons militaires, mais c'est A.Maalouf qui souligne). A tel point que celle-ci, toujours infeodée a l'Empire Ottoman, pense de plus en plus a s'en defaire et va meme marcher sur Istanbul a deux reprises. Le mot de la fin viendra d'une coalition europeenne qui repoussera l'assaut egyptien jusqu'au Nil. Il était en effet préférable pour les Empires européens de disposer d'un allié ottoman, faible, en retard et moribond, sur la route des Indes, plutot qu'une puissance potentiellement dangereuse car en voie de développement au point de rattrapper son retard sur l'Europe, mais surtout, indépendante et incontrolable. L'Egypte, encore tres fragile, ne s'en relevera pas.

lundi, décembre 18, 2006

Fucking backpackers

Damas - Ou on rencontre parfois de ces specimens sur la route.
Voila ce mec, un suedois, je sais pas, il doit avoir entre 60 et 70 ans, age indetermine, qui est installe dans le dortoir commun de l'hotel Harammein de Damas, dans le souq Sarroujah, alors que j'y reviens. Les 2 autres pensionnaires de la chambre se taisent, il parle sans arret. Comme si cela devait etre une tradition, il me demande d'ou je viens et ce que je fais ici. Je lui dis que je viens de Beyrouth. Je n'ai pas le temps d'en dire plus qu'il me sort une litanie, je ne rentrerai pas dans les details, de sa vision extralucide de la situation politique libanaise, du foutoir cause par les musulmans, d'ailleurs il en a toujours et ainsi. Et surtout, que j'avais de la chance d'etre ne en Belgique, you know, tous ces gens ne connaissant pas la democratie et moi j'ai de la chance d'etre ne dans un pays ou on peut s'exprimer librement. J'apprends vite que ce monsieur est reste en tout et pour tout 3 jours au liban, entre un aller - retour en Syrie et une tentative de passer en Jordanie.

Alors il y a quelques mots que vous entendrez sans arret dans la bouche de backpackers : cheap, because it was cheap, it is cheaper, you go to this place, you will adore it, and it is cheap.

Ce qui me fait rire, c'est aussi l'impression que donnent des backpackers d'avoir ete dans des endroits absolument extraordinaires ou personne n'a ete et qu'ils sont les seuls a avoir vecu ces aventures extraordinaires. Par exemple, a Petra, en Jordanie, tu peux dormir avec les bedouins pres de ruines, man ! Oui, eux qui viennent de faire un aller-retour Amman - Baghdad, tu peux boire la meme eau que leurs chameaux (eraintes d'etre restes immobiles depuis le debut de l'annee) et fumer leur narguile avec le tabac artisanal de bab el oued (made in china). Il parait meme qu'il y a une experience unique au monde, c'est d'aller dans le desert blanc egyptien avec des bedouins en jeep et de passer la nuit a la belle etoile. Tellement unique que le ministere du tourisme egyptien compte construire une autoroute six bandes entre le Caire et les oasis de Baharryia et de Farafra...

Bon nous nous sommes tous les 3 endormis sous les beuglements sans fin de notre vieux backpacker, qui, habille comme un clochard s'est d'ailleurs fait refouler a la frontiere jordanienne pour une vague histoire qu'il lui est arrive il y a dix ans a la meme frontiere. Il y a juste un moment ou on lui a dit de se taire ou de crier moins fort, c'est quand il a commence son ode a Israel et a la beaute de ce merveilleux pays. On s'est endormi... et on s'est reveille au son de sa voix. Le lendemain il a recidive, alors que je prenais paisiblement mon petit dej avec un hollandais de passage, quel plaisir de pouvoir reparler un peu la langue de vondel ceci dit en passant, alors que la reception etait bondee, il m'a lance de loin : see you in Jerusalem !
Je ne pouvais que lui repondre : Inchaalah !
Un type pareil, ca pourrait vraiment vite vous attirer des ennuis.

Une histoire moins drole, c'est celle de ce Japonais qui lancait autour de lui un defi qu'il s'etait donne a lui-meme : aller en Irak. Il est passe dans cet hotel, certains membres du personnel se souviennent tres bien de lui. Il y a aussi le temoignage d'autres backpackers qui l'ont croise dans la region et qui ont confine dans le livre d'or de l'hotel leur rencontre avec ce gars. Il est alle en Irak, "out of curiosity", et il n'en est jamais revenu. Dans ce meme registre, a la page suivante, la coupure de presse qui le montre devant ses bourreaux, peu avant son execution. Cela en vallait-il la peine ? RIP mec...

lundi, décembre 11, 2006

Et pendant ce temps à Beyrouth

La deuxième grande manifestation anti-gouvernementale initiée par le Hezbollah, le Courant Patriotique Libre (le parti Chrétien de Michel Aoun), Amal (parti issu d'une milice chiite durant la guerre civile, aujourd'hui parti du président de la chambre, Berri), suivie par le Maradah (parti chrétien nordiste de Frangieh, le fameux sigle "Pi" sur fond de drapeau vert fluo), le Parti Communiste Libanais et le Parti syrien national social, nom quelque peu malheureux mais qui est essentiellement panarabe, avait lieu ce dimanche, une semaine après la première.

C'est un assemblage de partis et de tendances qui peut paraître pour le moins hétéroclite. Pas moins "contre-nature" néanmoins que la coalition au pouvoir, que les Etats-Unis et une large majorité de la communauté internationale nous demandent de soutenir contre les "islamo fascistes", où l'on voit le parti Kataeb (les Phalangistes), les Forces Libanaises (maronite), le Courant du Futur (sunnite, mené par Hariri fils et qui compte le premier ministre Siniora), le parti druze de Walid Joumblatt, pour les principaux partis. Des factions qui se sont livrés une guerre à mort durant les années de guerre civile. Les bourreaux et criminels de guerre occupant des positions importantes, là un poste de ministre, ici une présidence de parti. Imaginons un gouvernement serbe ou bosniaque d'ici quelques années, où l'on retrouverait des Mladic et des Karadzic, soutenu par l'Union Européenne contre un mouvement d'opposition. Ceci doit nous échapper dans la situation libanaise, et je suis étonné que très peu de médias chez nous finalement ne relèvent ce point tout de même important à l'heure où la communauté internationale "regrette" et ne peut que constater que Augusto Pinochet emporte sa bonne conscience dans sa tombe. Mais on ne va pas s'attarder à ce genre de détail, surtout qu'il ne résoudrait rien dans la crise actuelle, au contraire.

Les "Pro syriens"

Les médias présentent donc les premiers comme étant "prosyriens" et les seconds d' "anti-syriens". Par un retournement et un hasard de l'histoire, on trouve parmi les premiers d'importantes forces qui se sont opposées à la mainmise syrienne, notoirement à la fin des années 90. Et l'on retrouve dans le gouvernement des courants qui au moins à un moment ou à un autre ont été les plus sûrs alliés de la Syrie pendant ces années de plomb.

On peut envisager effectivement que la Syrie et l'Iran se frottent les mains d'un embrasement au Liban, question de disposer d'un levier supplémentaire dans la région dans leurs négociations continuelles contre le monde entier. Objectivement, la Syrie soutient et arme le Hezbollah. Néanmoins, C'est plutôt grossier de désigner le mouvement d'opposition exclusivement de prosyrien dans la mesure où, pour commencer, les forces du général Aoun ont été parmi les plus virulentes dans le combat contre la Syrie en 1989-90. Le Parti Communiste libanais, dont un dirigeant a été tué par les services secrets syriens dans la dernière vague d'attentats (voir commission Brammertz) et alliée à une branche communiste dissidente à Damas, dont des cadres et sympathisants croupissent dans des prisons syriennes, ne peut être qualifié de prosyrien Le Hezbollah même n'est pas fanatiquement prosyrien, même si le pouvoir syrien est alaouite et vaguement d'obédience chiite (contre une population majoritairement sunnite). Il profite d'une aide avantageuse de circonstance dans leur résistance contre Israël, ce qui leur confère leur pouvoir. Le Hezbollah est né dans les ruines de l'invasion israélienne de 1982. C'est de là que lui vient sa légitimité, renforcée certainement par une vaste entreprise de clientélisation et d'aide aux population défavorisées, là où l'Etat a fait faillite.

Le Hezbollah est un parti avant tout libanais, qui s'inscrit dans une logique propre au Liban sud, de Tyr à Bint Jbeil et de Nabathiye à Chiah dans la banlieue sud de Beyrouth. Etant donné la ferveur populaire dont dispose le Hizbollah en Syrie, il ne m'étonnerait pas qu'un Hizbollah au pouvoir, allie, au Liban serait le plus grand facteur de déstabilisation pour le régime seculaire, baathiste et corrompu de Bachar al Assad. Et il y a donc lieu de penser que la Syrie voit un intérêt certes à promouvoir un Hezbollah assez fort au Liban, mais pas trop. Ce ne serait pas une première dans l'histoire des relations de la Syrie avec certains mouvements libanais. Mais admettons donc avec le sourire que nous avons en présence un large mouvement pro-syrien qui veut faire tomber un gouvernement d'indépendance nationale, par essence anti-syrien et proaméricain et que tout tourne autour de la question du tribunal international pour juger des assassins de Rafic Hariri. Comme si tout ce beau monde se mobilisait et vociférait pour des acteurs étrangers, en faisant don de leur énergie et de leurs moyens. Au minimum, cette vision manque de subtilité.

Il y aurait bien d'autres grilles de lecture.

Par exemple, une opposition Bourgeoisie/peuple, Gauche / droite, Province / Beyrouth, clan x / clan y...

Si la première manif de l'opposition a attiré 800.000 manifestants, chiffre non contesté, on peut estimer que celle-ci a dépassé de loin la barre du million de manifestants. Au milieu de l'après-midi, la foule était compacte de la place des Martyrs et de Ryadh el Solh a l'intersection Sodeco, deux kilomètres plus haut, et latéralement, quasi d'Achrafyie sur l'avenue Charles Malek, jusqu'au bout de l'avenue Chehab en sens oppose. En revenant en fin après-midi du sud, par la route de l'aéroport, les voitures et les bus étaient parqués jusque bien au-delà de l'Intersection Cola, a 3 bons kilomètres de la place des martyrs.

J'ai été témoin de la mobilisation populaire le matin même à Sour (Tyr) et à Saida (Sidon), les drapeaux flottaient au vent, dépassant des fenêtres de voitures, des bus. Dans ces derniers, des manifestants très jeunes et des femmes. Les hommes sont souvent en voiture. A plusieurs reprises, nous sommes pris dans des bouchons en formation, surtout à l'approche des zones de détour causées par la destruction des ponts par l'armée israélienne en juillet.

Au retour du sud vers Beyrouth en fin après-midi, on pouvait observer une file de voitures et d'autobus, de minibus, arborés de drapeaux en tout genre, qui allait de Saida a Beyrouth quasi sans discontinuer. 40 kilomètres de bouchon au bas mot. La semaine précédente, on pouvait observer le même phénomène sur les routes provenant du nord, colorées d'orange et de vert fluo.

Pour celui qui a vécu un peu au Liban, il aura pu remarquer trs vite que l'Etat y est absolument inexistant. C'est largement une société ultra capitaliste, ou il fait effectivement doux de vivre quand on y a de l'argent, sans aucune règle ni régulation sociale. L'infrastructure publique y est calamiteuse, notamment les chaussées, l'aménagement urbain, la police de la circulation, l'environnement, les postes et telecommunications. Le téléphone portable y est le plus cher du monde. L'internet est également le plus cher et le plus lent du Moyen Orient. La mafia gangrene tout, les ministres confondent le trésor public avec leur portefeuille. Je ne dis pas que l'opposition ferait mieux, mais elle est encore vierge de ces pratiques.

Les raisons de penser qu'il n'y aura pas de guerre civile.

Le Hezbollah est la force principale du mouvement d'opposition. Il est sans doute armé, très armé. Il y a un point non négligeable dans l'argumentation du gouvernement qui veut que la discussion est déséquilibrée. Nous avons un parti, un mouvement, le Hezbollah, qui est au moins aussi puissant militairement que l'armée, sous contrôle du gouvernement. Il n'en reste pas moins que l'armée est sous commandement maronite, chrétien, et l'encadrement est largement sunnite. La base est de toutes confessions, y compris chiite. Les forces de sécurité intérieure dépendent du Courant du Futur (sunnite).

Positivons.
Certains pourraient y voir un facteur de guerre. Je dirais au contraire que vu les forces en présence, personne n'a intérêt a prendre l'initiative d'un déclenchement des hostilités. On a vu que 15 ans de guerre civile dans le passe n'ont mène a rien, sauf a rétablir une constitution qui a peu de choses près, avait été écrite sous le mandat français. Seule une mise en scène grotesque pourrait mettre le feu aux poudres. Quand on aborde cette éventualité avec tout un chacun, de toute condition et de toute confession, c'est une lassitude par avance qui transparaît, surtout pour les gens de 30 ans ou plus.

Ne connaissant le Liban que depuis à peine 3 mois, mais ayant bougé du nord au sud et de l'est à l'ouest, il y a cependant une notion qui traverse toutes les tendances, tous les villages et villes du Liban, et toutes les conditions, à l'exception de quelques groupuscules pro régionalistes, c'est l'amour du Liban. Les manifestations sont éclairantes sur ce point. Dans les premières, et particulièrement celle où je me suis trouvé, suite à l'assassinat du Ministre de l'Industrie Pierre Gemayel, il y avait bien une présence importante de drapeaux des Forces Libanaises et Phalangistes, due aux circonstances, mais la majorité des drapeaux étaient le drapeau national. Pareil pour les deux manifestations de l'opposition. Un raz de marée de cèdres sur drapeau rouge et blanc.

L'alliance entre le parti du général Aoun et le Hezbollah a pour l'instant sauve le Liban d'une surenchère communautaire et confessionnelle.

Le Hezbollah contemporain et l'OLP des 70's. Les similitudes existent. On entend souvent dire sur les campus, dans les discussions avec le commerçant du coin ou dans certains journaux que le Hezbollah se comporte comme un état dans l'état. On parle de 5e colonne, du danger de la présence d'une force armée incontrôlable sur le territoire libanais. Ce débat n'est pas neuf, il a cours depuis au moins le retrait israélien de 2000. Il y a cependant un point non négligeable à savoir que le Hezbollah est libanais. Il y aurait bien d'autres éléments, mais j'arrête la. Pour le reste, incha'allah.


(Toutes ces photos sont la pour rappeler, si besoin il en est, a quel point le Liban est un pays magnifique. Photos prises dans le sud, place des Martyrs, Bekaa)

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