mercredi, février 01, 2006

L'oasis de Al Kharga

A nouveau 250 km dans le desert aujourd'hui entre Mut, chef lieu de l'oasis de Dakhla, et Kharga, la 4e des oasis sur la boucle. Il y a encore une oasis, il parait superbe, au nord, accessible via Alexandrie et la cote mediterannee, la route depuis Bhariyya n'etant pas deservie par des transports publics, Siwa, ou j'irai peut etre une autre fois, et Baris, il parait sans trop d'interet, mais c'est peut etre la son interet justement, en prenant la route du desert au sud de Kharga. En fait une carte d'egypte permet de mieux visualiser cela.
http://www.egypttoursandtravel.com/images/mapegypt.JPG

Ceci etant dit, la police est, disons, tres attentive dans les oasis.

Premierement, alors que j'avais pris un transport de nuit en micro bus entre Baharyyia (la 1ere) et Dakhla (la 3e), dans la nuit de dimanche a lundi, le convoi s'est arrete dans un village de l'oasis pour faire une pause, boire un the, que le chauffeur puisse fumer une chicha. Le cafe ou l'on s'etait arrete etait assez rempli, a 2 heures du matin, la clientele regardant, chaises disposees comme au cinema, un James Bond sur l'ecran de television poste en haut du mur du cafe, version originale, sous titres en arabe comme d'habitude en egypte. J'etais accueilli comme bien souvent comme un ambassadeur de passage dans un village perdu, m'offrant le the, me proposant a fumer tout cela offert comme un hote de la premiere importance, entoure du chauffeur, du patron des lieux et de l'un ou l'autre notable, a savoir le pharmacien et sans doute un fonctionnaire important. Ceci ne peut arriver que quand vous prenez des moyens de transport locaux, bus, micro-bus, taxis partages avec les gens qui simplement se deplacent pour travailler et commercer une ou deux oasis plus loin. Le moment etait tres cool. Tout a coup, le policier en civil avec qui on avait fait le trajet et qui semblait etre un relatif du chauffeur (chaque moindre micro-bus de 12 personnes doit au moins avoir un policier arme a bord, ce sont effectivement des zones de pillage), revient affaire et commence a avoir une discussion animee avec le chauffeur. Ca s'engueule, mais rien d'exceptionnel. On m'annonce que nous devons aller au poste de police. Ok, on y va. On m'emmene au premier etage du batiment imposant faisant office de commissariat. La, je rentre dans une veritable salle de tribunal tenue par des policiers. Celui qui semble le plus haut grade, barettes et 4 etoiles sur les epaulettes, preside derriere un bureau imposant, assis a ses cotes, deux autres policiers aux costumes egalement impeccables. Sur un banc le long du mur, 3 ou 4 autres policiers assis, dont l'un me demande de venir s'asseoir a leur cote. Que des grades, c'est le conseil de l'ordre. Le chauffeur, la voix tremblante, commence a expliquer son cas debout devant le bureau. J'interromps en disant que je peux leur montrer mon visa, mais on m'indique de me taire. Apres une assez longue discussion, le collaborateur du grand chef me demande si je parle arabic. Ce n'est pas avec mes 12 mots que je m'en sortirai et je reponds donc que non et m'en excuse. Je ne savais toujours pas ce qu'on me voulait ! Il me dit : "no tourism travel at night". La "sentence" est claire, me voila bloque a Farafra pour la nuit. Ca engagera de nouveau des discussions fatigantes mais je paierai le chauffeur au prorata des kilometres parcourus, je ne suis pas certain que les autres passagers, sans doute disparus dans la nature depuis l'arret, en feront autant. Oblige de loger dans un hotel qu'ils m'imposeront, relativement cher en plus, ce n'est pas le moment de faire la fine bouche et trop fatigue que pour engager une bagarre verbale avec le receptionniste qui m'a sans doute vendu des salades en me disant que la seule chambre encore libre etait une triple avec terasse et salle de bain. En d'autres circonstances, j'aurais participe a la comedie en empoignant mon sac a dos et faisant mine de partir seul dans la nuit en lui criant qu'il aille se faire voir devant l'oeil meduse des policiers accompagnants (et ne sachant ce qu'ils doivent faire) et des curieux attires par la discussion animee, mais trop fatigue. Enfin, on ne va pas en faire un drame, je me contenterai d'un rabais etant donne l'heure tardive d'arrivee.

L'ironie du sort voudra que 3 jours plus tard, en prenant un micro-bus de Mut, Dakhla (la 3e oasis) a El Kharga (la 4e), on s'est d'abord regardes l'oeil interrogateur, mais oui, c'etait bien lui ! l'agent en civil a l'avant a cote du chauffeur etait bien le commandant du commissariat de deux jours auparavant, et il m'a reconnu egalement. Il ne parlait toujours pas un mot d'anglais, mais on a rigole de l'incident apres coup, et via un interprete improvise, je lui ai demande si on arriverait bien a destination cette fois-ci ! Et y a pas a dire, mais avoir un grade a bord, ca fait passer les controles routiers en ralentissant a peine. La bonne humeur regnait a bord du bolide lance a 100 km/h a travers le desert, encore une fois grandiose de beaute.

Deuxiemement, le top du top en matiere de vigileance policiere est mon arrivee a Al Kharga oasis, la 4e de la serie. Des mon arrivee a l'hotel, et alors que je voulais aller faire un tour dans la localite en soiree peu apres mon arrivee, on m'a assigne un policier personnel. Ca c'etait vraiment beau, jamais je n'ai eu droit a un garde du corp personnel, me suivant, sans m'entraver a priori, dans le moindre de mes deplacements. Je voulais aller me renseigner sur l'heure du bus le lendemain ? Pas de probleme, Ahmed me menait exactement la ou j'aurais mis le triple de temps a trouver, payant meme le bus et le taxi, il avait meme un budget a disposition apparemment. Negocier un tour en taxi pour visiter les 2 ou 3 temples locaux (on se rapproche de la vallee du nil) ? pas de probleme, j'irai moi meme trouver un taxi, negocier un prix, et Ahmed me dira : demain, tu lui proposes autant et il acceptera. Il negociera un keffieh pour moi. Unique aussi, alors que je m'etais un peu ecarte des rues principales pour aller manger un bout, le traditionnel tamayy'a avec des falafels, on assiste a une veritable bagarre a deux metres de nous, avec coups de poing dans la figure et separement par les amis respectifs. Ahmed ne bougera pas. Tant qu'on n'intente pas a ma securite, Ahmed ne bouge pas. Pour terminer la soiree, j'avais envie d'aller fumer une chicha, on ira sur la terasse d'un cafe de la place, rejoint par le frere d'Ahmed, Mustafa, qui, je l'apprendrai plus tard, travaille aussi pour la police. Me voila en train de fumer une chicha et d'offrir le the (quand meme, je leur devait bien ca) pendant que mes deux gardes attendaient poliment. En regardant les rares petits groupes de touristes (vraiment rares dans ce coin) affubles d'une escorte encore plus imposante que la mienne. Je vois encore ce monsieur, probablement un Francais, dont j'ai croise le regard, un regard de prisonnier, je lisais toute l'incredulite dans ses yeux. Pour ma part, j'avais le sourire au levre, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais quand meme, au dela du ridicule de la situation, on sent bien que, affuble d'un policier, le contact avec la population n'est forcement pas pareil, tout le monde se connait. Et je ferai tout a l'avenir pour eviter ce genre de situation.

Le lendemain matin j'irai au temple d'Hibis, Necropolis of al-Bagawat et al-Hhuwaytah, des que j'ai regle le probleme des photos, je les publierai ici, cela valait vraiment la peine.

Au sujet de Kharga : http://www.touregypt.net/Kharga.htm

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