mardi, juillet 25, 2006

Grece

Une révolution a eu lieu en Grèce, sous la forme d'un soap opera. Chaque soir, sur la chaine de télévision la plus populaire du pays, un feuilleton met en scène la préparation d'un marriage entre un Grec et une Turque. On est quotidiennement tenu en haleine par les rebondissements, les affronts et mécompréhensions culturelles qui naissent entre les deux familles. Mais on sent bien que ce mariage en 46 épisodes, après toutes ces péripéties, aura bien lieu. Tout a changé en fait depuis le tremblement de terre qui a agité la Turquie et qui a vu une aide massive de la Grèce en faveur de son voisin. La tendance est à la détente, et ce feuilleton populaire en est bien entendu un témoignage.

Le deuxième fait rapelle la Grèce de toujours, ses Iles paradisiaques et en particulier celles du Dodecannese. Il n'y est quasiment pas une ile qui n'a pas ses églises et ses chapelles. Certaines de celles-ci continennent une vierge noire, à savoir l'icone de Ste Marie dont le visage a été noirci, de l'oeuvre des iconoclastes, la plupart du temps probablement sur place, et parfois lors d'un voyage forcé chez l'ennemi héréditaire ottoman. Cette dernière option me semble peu probable, mais soit. Ce qui est par contre tout à fait probable, c'est que beaucoup de ces icones sont revenues, par mer, seules, en pilotant leur barque à travers la méditérannée orientale. On voit d'ailleurs quelques tableaux dans ces églises et ces chapelles qui montrent l'icone (le tableau), debout sur une embarcation, approchant la berge devant un parterre d'ecclesiastiques rejouis de voir revenir leur Sainte Vierge.

jeudi, juillet 20, 2006

Makedonia

Appelons le pays par son nom, comme l'écrasante majorité du concert des Nations, et non "Skopje" ou FYROM comme on s'obstine à l'appeler en Grèce. De Nis a Skopje en train, on traverse les plaines arides du Kosovo. Je n'ai pas vu même un village kosovar de loin, je ne pourrai donc pas en parler. Ca m'a laissé tout le temps de penser à ce que m'a dit Dica à Nis : le Kosovo, que notre gouvernement ait l'intelligence de le vendre, au meilleur prix politique. A Skopje, j'ai croisé la route d'un des gars les plus sympas du monde, un kosovar. Un gars constament sur la route, de Westerlo où il fut un temps réfugié de guerre, à Istanbul, de New York à Kabul où il s'est engagé dans une mission de l'ONU. Il hait les Serbes comme la plupart de ses congénères. C'est parfois dur de naviguer entre ces différentes sensibilités...

Skopje est une ville étonnante dans la mesure où un centre commercial de 3 étages occupe le quart de la ville en son centre. C'est un peu anti-convivial. Le kilomètre de terasses alignées le long de ce centre, face à la rivière xxx, essaie un peu de compenser sans le faire vraiment.

Il y a un endroit en Macédoine où tous les Balkans se donnent rendez-vous, et au-delà. C'est l'endroit où les Serbes et les Croates passent leurs vacances en bon voisinage, on y trouve des Bulgares, et des Hongrois, des Russes. Cet endroit, c'est le lac d'Ohrid et son parc naturel. Il faut imaginer une sorte de Blankenberge, avec des églises byzantines plantées tout autour, quelques rares mosquées et des flots de touristes de l'Est avec les commerces qui conviennent. Les Hongrois font un plongeon de 15 ans dans le temps. C'est, ceci dit, un magnifique coin de terre, doux, au décors impressionnant. C'est moins cher que la Croatie, d'où le succès populaire.


dimanche, juillet 16, 2006

Nis, la Serbie

De retour chez l'un des peuples les plus "rock and roll" d'Europe, avec ce que cela comporte d'excès et de travers. Autant le faire rock 'n roll, je ne vous recommende pas l'hotel Athina en face de la gare de Nis. C'est le moins cher de la ville, 500 dinara, un bon 6 euros par nuit, attenant a une boite de strip-tease. Il m'a été renseigné après deux heures de recherche infructueuse par un tzigane sédentarisé qui comme il se doit a de la famille partout en Belgique, à Hoboken, à Haecht, à la gare du midi et à Liège. Six euros, c'est le montant que les "clients" paient pour la chambre le temps de la passe, mais on m'a fait un bon prix. Tous les autres hotels de la ville sont soit a 60 euro la nuit, soit ce sont les hotels de l'office étatique serbe du tourisme, tous en grêve depuis huit mois (sic). Ce qui est quand même gentil, c'est qu'un réceptionniste reste posté derrière le comptoir de la réception pour vous le dire. Il y a un bon business à faire en ouvrant des chambres d'hôte ou une pension clean entre 10 et 15 euros la nuit. Nis est idéalement placée sur la route des backpackers vers la Turquie depuis Belgrade, la Bosnie, la Croatie... Si il est réouvert d'ici-là, je conseille le "Centroturist hotel", situé au coeur du Parc Cair et près de la grande piscine municipale. Cet établissement a du potentiel...

Piscine d'ailleurs excellente, la première aussi de ma vie de nageur de km de brasse dont le droit d'entrée m'a été vendu au marché noir quelque cinquante mètres avant les guichets. comme la plupart des piscines des pays de l'ex bloc socialiste, elle est olympique, 50m, on est là pour le sport, sauf que depuis quelques années, il y a quatre fois plus de gens sur la terasse dehors que dedans, tout ce qu'il reste de sportif étant la tenue en maillot de bain. Les lunettes de soleil, ça fait déjà moins Matt Biondi. Et la chope 33 cl posée sur la table à côté du paquet de clopes élimine toute illusion. Disons-le, les mecs sont là pour mater les sirènes slaves qui passent en maillot de bain échancré.

Tant que je suis dans les lieux à recommander, j'ignore si ce qui suit se trouve dans un guide quelconque ou non, je n'en dispose pas. Tout d'abord, un restaurant de quartier, au fond de la rue Jeronimova qui est une voie sans issue. Les "Nisois" seront eux-mêmes épatés que vous connaissez cet endroit de cuisine traditionnelle serbe. Avec une bonne bière, ça fait l'affaire. Ensuite, au coin de la place centrale, à gauche de l'hôtel Ambassador (en grêve), il y a un bon bar. On a l'impression que c'est l'entrée des bureaux d'un ministère, et en fait ça l'est. Ce sont les locaux de l'ancienne télévision d'état locale, privatisée et rebaptisée "Belle amie" (en français) de mémoire. La buvette a été conservée avec son décors et son mobilier design des années 80 socialiste. C'est de façon très surprenante continuellement vide, mais le coup d'oeil vaut le coup.

Tout se trouve au marché noir, ce qui fait vivre les gens, c'est l'économie parallèle. Il y a douze ans à peine, le revenu mensuel moyen était inférieur a 30 dollars. Certains ont fait leur beurre durant la guerre. Des gens partis de rien se sont trouvés propulsés à la tête de fortunes considérables, fondues depuis. Il y a près de 50% de chômage. Loin de tout discours misérabiliste, les jeunes qui m'accueillent, la trentaine, me content les bombardements de 1999 comme s'il s'agissait d'un feu d'artifice un peu hors du commun. C'était un "show à l'américaine", les cibles étaient connues 24h à l'avance, même l'armée yougoslave avait le temps de mettre ses équipements les plus précieux à l'abri. "Ces trois mois furent les plus beaux de notre vie". Une fête permanente, les gens plus proches les uns des autres que jamais. Pas vraiment de pénurie ou même de rationnement, c'est au niveau psychologique que cela a été le plus dur. Et dans de telles circonstances, sans doute qu'un effet auto-protecteur, de fuite dans la futilité de la vie nocturne s'est mis en place chez une partie de la jeunesse serbe. Voilà une belle explication, néanmoins, il faut être en Serbie pour entendre des trucs pareils...

vendredi, juillet 07, 2006

Bosnie & Herzegovine

Uzice, Serbie - Hotel Zlatibor, chambre 911, c'est dans cette chambre au style socialiste post-moderniste decrepi, au tapis et murs tisses de ficelles couleur marron, des ampoules sortent des murs, le tout est d'un design cauchemardesque des annees 70, ne manque que la 9e de Beethoven sur des airs d'Orange Mecanique, c'est dans ce decor tout simplement hallucinant, que je vais tenter de me rappeler la Bosnie - Herzegovine (BIH - Bosna i Hercegovina) ou je viens de passer 10 jours sur mon chemin vers Beyrouth.

Tout d'abord, en Bosnie, on ne sait jamais tres bien en voyant les immeubles si ils sont a moitie demolis en raison de la guerre, si ils sont toujours en construction, ou si ils sont a l'abandon depuis 20 ans. Partout des bris de balles et d'obus, certains rebouches avec des briques oranges sur des facades en beton gris. Parfois rebouches au ciment, laissant comme des cicatrices d'une ancienne acne juvenile. C'est la premiere impression.

La beaute absolue de la nature compense quelque peu cette impression. Il y a ces paysages grandioses de l'Herzegovine, faits plutot de pierres et de steppes arides. On traverse parfois de veritables cirques lunaires, des plateaux encaisses au milieu de montagnes, la rare vegetation rappelant que l'on est sur terre. La Bosnie elle-meme est beaucoup plus verte, recouverte de forets denses. Par exemple entre Mostar et Sarajevo, les forets des versants montagneux donnent l'impression de plonger directement dans la Neretva. C'est ce qui doit donner cette couleur bleu turquoise pendant 100 km a la riviere.

Sarajevo

On vient d'un autre pays en traversant la republique serbe de bosnie (Republika Srbska). Le bus s'arrete loin, dans la banlieue est de Sarajevo. Il faut prendre un bus au terminal local pour aller dans la capitale de la BIH (contrairement aux bus venant de partout ailleurs de la federation croato-musulmane qui vous deposent au centre), alors que l'on vient du meme pays. Difficile d'ecrire beaucoup sur Sarajevo. Je suis reste terre 3 jours dans une pension de voyageurs, incapable de sortir, a boire et ecouter les gens qui passent. Il y a eu ici beaucoup plus de Serbes qu'a present. Certains se sont joints a la resistance pour leur ville quand l'armee serbe de Bosnie bombardait des collines avoisinantes. Beaucoup ont fui ou ont ete enroles de force. J'ai lu enormement et je me suis laisse dire a la pension que les vrais sarajevins n'avaient pas le moral. La Bosnie, c'est fini, l'idee d'une Bosnie ou cohabitent paisiblement trois nationalites, ce n'est pas pour demain. Sarajevo a ete repeuplee de paysans, surtout des villages musulmans suite a l'epuration ethnique serbe et croate. Sarajevo a perdu son ame.

Travnik

Ici ce sont les Croates qui s'en sont pris aux Musulmans. Il s'agit clairement d'une ville musulmane avec ses minarets, ses nıght shops ou on ne vend pas de biere. Ses snacks a Cevapi (variante balkanique du kebab) sous toutes ses formes. Sarajevo, Travnik, Mostar, Gorazde, toutes ces villes sont baties de la meme facon, le long d'une riviere, encaissees au fond d'une vallee, et facılement assiegeables depuis les collines avoisinantes.

Mostar

Comme a Travnik, les catholiques croates sont 'intervenus' pour secourir leurs freres menaces par les milices musulmanes, c'est ce qu'en dit l'histoire officielle croate. Un combat entre deux rives, lıees par un pont, le fameux ponts que l'on a vu etre detruit en direct a la tele sous les coups de mortier croate. Quel acharnement sur ce pauvre petit pont, son calvaire a dure sıx mois. On voit dans une expo photo les dıfferentes etapes de sa destruction. C'est typiquement fasciste tiens de vouloir detruire des ponts, eriger des murs et des frontieres. Une absence totale de confiance en l'humain. Quand on est a ce point peu sur de sa propre identite, c'est un moyen bien commode que l'on a trouve pour empecher aux gens de se meler et de coucher ensemble. Le risque d'avoir une generation de batards, vous voyez ? Au fait, de quelle ethnie fait partie la progeniture d'un slave du sud et d'une slave du sud ? Ha oui, orthodoxe, musulmane ou catholique.

La republika Srbska

Visegrad, la ou les paysans sont bas du front et rigolent sous la cape de ce qu'ils ont fait a Sebrenica et a Gorazde et ou Mladic et Karadzic signifient la paix... Je confirme que cet etat, la Bosnie-Hercegovine, est bien improbable, il y a eu trop de mal fait... Si l'eufor n'etait pas la il y a longtemps que les gens se mettraient sur la figure a nouveau. Ceci m'a ete confirme aussi par les serbes que j'ai rencontre en serbie, en tout cas les 4 ou 5 Serbes avec qui j'ai entame cette conversation. Les conditions economiques font que les gens n'ont rien trop a perdre non plus. Les musulmans sont pauvres et isoles, les croates s'en tirent encore grace parfois a l'aide de la famille de l'autre cote de la frontiere. Les Serbes sont considere comme la lie de l'humanite, meme par leurs freres de serbie. "Les Serbes la-bas ? ce ne sont pas les memes gens, d'ailleurs ce ne sont pas des gens...". ca me fait penser a qq chose. Je trouve que la Serbie s'en sort encore bien malgre tout. La Bosnie est la grande perdante de la fin de la yougoslavie.

(a completer et a modifier avec mes notes)

mardi, juillet 04, 2006

Voivodine

Novi Sad, Serbie - Le transit Slovenie - Croatie - Serbie se fait sans probleme de visa, il n'en faut tout simplement pas pour les citoyens de l'UE. Et c'est avec une deconcertante facilite que l'on passe entre les ex-republiques yougoslaves. Je n'ai vu de Belgrade qu'un hub. Les deux gares de bus principales sont tres proches l'une de l'autre ainsi que la gare centrale. Entre Belgrade et Novi Sad, ce sont des marais et des forets, des plaines qui viennent de Hongrie et du sud-ouest roumain, traversees par le Danube. Timisoara est a quelques heures de bus. Ca doit etre cela, la Voivodine, cette vaste plaine. Novi Sad n'est pas vraiment faite pour le tourisme. J'ai parcouru toute la ville a la recherche d'un logement abordable. Au bord du desespoir, je croise deux personnes qui parlent francais. Je me jette dessus. L'une d'elles travaille au centre culturel francais de Novi Sad et me dit qu'en face de chez elle, un resto possede quelques chambres mais elle n'y est jamais alle. Elle maitrise le serbo-croate ce qui tombe bien. En entrant dans le resto, je me suis apercu qu'il y avait tout ce qu'il fallait pour passer une bonne soiree : des murs remplis de bouteilles de vin, une tele dans un coin avec du foot et des grillades yougoslaves. Ce soir-la, c'est Allemagne - Italie en demi-finale de coupe du monde. Au premier goal italien dans les prolongations s'elevera une clameur generale dans le restaurant. Au second goal, par Del Piero, on dansera brievement. Et tout cela n'est pas par sympathie pour la squadra azzura, mais bien par haine pour l'Allemagne. C'est ici que je m'installerai.

En quelques jours, j'integrerai la famille qui gere l'hotel, finissant a leur table et salue par les visiteurs comme si je faisais partie de la famille en quelque sorte. L'un des murs du restaurant est couvert de medailles, de trophees et de diplomes. La serveuse, Isabella, d'origine hongroise, a ete en effet une grande championne de judo, regionale, championne nationale en categories d'age du temps de la grande Yougoslavie. Il y a ensuite son petit ami, la quarantaine, Serbe de Bosnie, qui a fait la guerre et qui en sera marque a jamais d'apres Sofja, la fille ainee de la famille. Il ne daigne recevoir la moindre injonction de cette derniere. Seule la mere, nee en Croatie, a de l'authorite sur lui. Aller en Croatie avec une plaque serbe est sinonyme de degradation, griffes, pneux creves. "Nous les Serbes, on est detestes partout". A Novi Sad, la population est majoritairement serbe. Dans le reste de la Voivodine, la majorite a une identite hongroise. Deja les conversations vont bon train sur un rattachement de la Voivodine a la Hongrie, ou d'un etat independant, un etat confetti de plus dans l'Europe de demain. Et peut etre de nouvelles catastrophes en perspective ? Les Serbes semblent vraiment etre a bout de souffle concernant la moindre revendication territoriale. Un jour, la mere de la famille, matronne du restaurant, me fait dire par son fils, alors que je passais par la cuisine, que j'etais quelqu'un avec de bonnes manieres et que ca se voyait. Je ne sais trop comment interpreter cette declaration subite.

Un soir, attable au restaurant avec deux hotes d'un soir, la table d'a cote est occupee par un gars, style cammioneur avec qui on a pas envie d'avoir de problemes, on lui sert de la Slivovice (alcool brandy a 40%) a volonte et des canapes pour la faim, il n'y touche pas. Six musiciens tziganes l'entourent. Ils sont types indiens, il n'y a aucun doute, ce sont de vrais tziganes. Le musicien a l'accordeon assis a 50 cm de lui, lui chante des chansons a faire rire et pleurer en meme temps. Parfois, il leur glisse un billet de 100 dinars et cela continuera pendant des heures. Une femme a oublier, un deces a pleurer, la simple nostalgie dramatique slave (du sud) qui fait partie de la vie de tous les jours. Quand la musique s'arretera, il s'en prendra verbalement a Ben en serbe, l'anglais a la meme table que moi, sans raison apparente. Il est temps de sortir.

Il y a par hasard a Novi Sad, un festival de musique pop-rock, sur le site de la citadelle Petrovardian. L'EXIT FESTIVAL. C'etait la 6e edition. Les tetes d'affiche sont dignes de celles des festivals a l'ouest. La ville est prise d'assaut pendant ces quelque 4 jours par les Anglais, les Irlandais... 150.000 personnes participerent cette annee a cette edition. Il y a 7 ans cette ville etait encore bombardee par l'OTAN. Et c'est justement de l'autre cote du Danube, au-dela des quatre ponts detruits par les bombardements qu'a lieu le festival. Le nom du festival a ete donne pour dire "Exit Milosevic", sortir de l'ere Milosevic. C'est donc une tres bonne idee que ce festival. Etant donne les echanges entre les jeunes serbes et etrangers, c'est un investissement a long terme pour la ville de Novi Sad, pour la Voivodine et pour la Serbie toute entiere.

samedi, juillet 01, 2006

Metelkova Mesto

Ljubljana, Slovenie - Je reviendrai combler les trous plus tard entre ma sortie d'Iran et mon arrivee en Slovenie. A partir d'ici, je donnerai la priorite a un fait ou un element particulier plutot que de viser l'exhaustivite de ce que je vois.

Le quartier de Metelkova est constitue d'anciennes barraques militaires yougoslaves. C'est aujourd'hui un repere pour jeunes artistes et/ou rebelles plus ou moins riches. Ca fait toujours sourire les slogans muraux du style "prendre l'argent aux capitalistes" qu'il faut traduire sous la main de l'auteur, parfois, par "prendre l'argent a papa". Ce qui deviendra "prendre la place de papa" dans quelques annees. Le quartier est couvert de ce genre de tags. Treve d'ironie. Ces barraques militaires sont reconverties. Ici une auberge de jeunesse, la des ateliers, plus loin des squats. Ce quartier est aujourd'hui menace par plusieurs projets immobiliers, cela fait 10 ans en fait qie regulierement les promoteurs reviennent a la charge, mais a chaque fois, la mobilisation, au-dela des cercles artistiques, fait que ces projets sont remis sine die. Je pense aussi que le confinement de tout ce que Ljubljana comporte de rebelles, de marginaux, de drogues (l'heroine fait des ravages) et de fauteurs de trouble en un seul lieu, ou une seule zone arrange bien la majorite des habitants paisibles de la capitale slovene. Il y a un aspect "plaine de jeu" a Metelkova, et une fois passe les "jongleurs de chaussette" en dreadlocks et autres spacs (sales punks a chien) etales par terre au milieu de canettes de Pivo Svetla 4,9% d'alcool, on peut aborder les ateliers, veritables centres de recherche artistique. Cela part dans tous les sens. Assemblages de metaux heteroclites, grandes mosaiques inspirees de l'art bysantin, photographie, peinture, sculpture, compositions, recherches architecturales... Tout ceci ne serait pas pareil sans cette atmosphere crypto-anarchiste qui baigne le quartier.

Les vendredi soir le quartier est envahi par la jeunesse de Lubljana et des environs et par les back-packers de passage, dont certains y ont une residence quasi permanente. Ou improvisent un petit concert sur le tarmac au milieu de la nuit, par exemple ce Francais et ce Polonais, amis de toujours, qui revenaient de Katowice pour Florence en passant par toutes les villes ou il y a moyen de faire la manche. Mais ce soir la, c'etait concert gratos pour une dizaine de personne a tout casser, un talent musical incroyable, tout y passait. Certains etages de batiment se transforment en disco-bars hyper-tendance evidemment. Il y a aussi quelques bars permanents, fait de brics et de bracs. Dans l'un deux, j'observais des posters de LAIBACH, groupe punk industriel slovene, nom en allemand de la capitale slovene. Toujours le sens de l'image forte : "Erste bumbardierung uber um Deutschland" sur une photo en contre-plongee des membres du groupe bras croises regardant vers l'horizon sous des grappes de bombardiers americains. Des posters de tournee dont le "1984, Belgrade, Ljubljana, Zagreb" ou encore le "NATO occupied Europe tour 1991".

Plus loin un drapeau de la Yougoslavie frappe de son etoile, a proximite d'un montage photo du visage de TITO, la moitie en president, l'autre, le jeune Tito en Partizan pendant la guerre. Ha que ca devait etre cool la Yougoslavie. Il y a encore une certain consensus aupres d'une partie de la jeunesse non abreuvee de coca-cola et de consumerisme, dumoins pas en public, que le communisme a la sauce yougoslave etait soft. Il etait permis de l'ouvrir, d'ailleurs essayez seulement d'empecher un Slovene de parler. C'est ce criminel de Milosevic qui a tout foutu en l'air. Enfin, j'ai peur d'aller demander l'avis de l'homme de la rue, la-bas, au centre-ville, je serais probablement trop decu. J'ai reconnu le clavieriste de Laibach. Je l'avais vu en concert il y a quelques annees au Botanique a Brusel. Le gars en bottes et pantalon a cuisses larges, en costume oustachi ou on ne sait quoi de provocant qui monte sur la scene et la traverse les mains derriere le dos et va prendre sa place derriere son clavier en attendant de commencer l'execution dont on ne sait quoi d'obscur. De joyeux fous, salutaires pour la societe.

Liens :
http://www.nskstate.com/ projet de citoyennete internationale
http://www.metelkova.org

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