J'avais lu ces récits de l'entrée de l'armée syrienne a Beyrouth (sous l'égide de la Force Arabe de Dissuasion, en 1976), des armées françaises (1982) et américaines (en 1958 et 1982), et dans une moindre mesure israéliennes (au Sud Liban parmi des populations parfois fatiguées du comportement du Fatah, en 1982), toutes accueillies sous les hourras, les jets de riz, les pétales de rose, l'eau parfumée et le champagne. Avant de devoir toutes se replier, pour ainsi dire, dans la débâcle et le chaos, quelques mois ou années plus tard.
J'ai assisté a ce genre de scène hier soir, autour de la place Sassine. Un cortège de jeeps et de camions militaires de l'armée libanaise est descendu de Tripoli, en passant par toutes les villes côtières, remontant par Dora vers le centre-ville (de Beyrouth Est pour être précis). Pour ceux qui débarquent, c'était la fête pour la fin des combats à Nahr el Bared contre le gang du Fatah al Islam.
On a pu voir des militaires sur des camions, doigts en "V", munis des roses offertes par la population, mitraillette pointée vers le ciel, des jeunes filles intercalées dans les jeeps battaient la mesure sur des sons de Dabkhé crachés à plein volume depuis des discos mobiles. Il y eu hier soir un festival de feux d'artifice que quelque rafales de pistolet automatique couvraient a peine.
C'est évidemment une très bonne nouvelle que la fin de ces combats. De là à dire, comme l'ont laisse entendre des éminences de la majorité, que l'armée est maintenant apte à imposer son autorité sur tout le territoire libanais et sur toute faction armée non relevante de l' autorité de l'Etat, c'est un peu optimiste. Disons que c'est juste incendiaire.
Il y a d'abord les autres camps palestiniens, dont la sécurité relève encore et toujours de l'OLP. Des camps de l'importance de Nahr El Bared, il y en a 6 ou 7 autres au Liban. Le siège de Nahr El Bared, tenu par 400 combattants islamistes à tout casser, a duré près de 3 mois.
Il y a aussi la "Résistance", le Hezbollah, qui a tenu tête à la 5e ou 6e armée du monde (il faudrait comparer la puissance militaire de la Chine et celle d'Israël), dans des circonstances de guérilla, certes.
Tout ça dans un contexte ou les pays amis du gouvernement libanais, Etats-Unis en tête, ne permettront jamais, comme l'a souligné le général M.Sleymane, que le Liban accède a un statut de puissance suffisante à ne fut-ce qu'être capable de résister a une éventuelle attaque israélienne.
Les pays qui supportent les mouvements palestiniens et le Hezbollah n'ont pas ce genre de contrainte. Et il faudra donc s'en accommoder encore longtemps.
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