dimanche, juillet 16, 2006

Nis, la Serbie

De retour chez l'un des peuples les plus "rock and roll" d'Europe, avec ce que cela comporte d'excès et de travers. Autant le faire rock 'n roll, je ne vous recommende pas l'hotel Athina en face de la gare de Nis. C'est le moins cher de la ville, 500 dinara, un bon 6 euros par nuit, attenant a une boite de strip-tease. Il m'a été renseigné après deux heures de recherche infructueuse par un tzigane sédentarisé qui comme il se doit a de la famille partout en Belgique, à Hoboken, à Haecht, à la gare du midi et à Liège. Six euros, c'est le montant que les "clients" paient pour la chambre le temps de la passe, mais on m'a fait un bon prix. Tous les autres hotels de la ville sont soit a 60 euro la nuit, soit ce sont les hotels de l'office étatique serbe du tourisme, tous en grêve depuis huit mois (sic). Ce qui est quand même gentil, c'est qu'un réceptionniste reste posté derrière le comptoir de la réception pour vous le dire. Il y a un bon business à faire en ouvrant des chambres d'hôte ou une pension clean entre 10 et 15 euros la nuit. Nis est idéalement placée sur la route des backpackers vers la Turquie depuis Belgrade, la Bosnie, la Croatie... Si il est réouvert d'ici-là, je conseille le "Centroturist hotel", situé au coeur du Parc Cair et près de la grande piscine municipale. Cet établissement a du potentiel...

Piscine d'ailleurs excellente, la première aussi de ma vie de nageur de km de brasse dont le droit d'entrée m'a été vendu au marché noir quelque cinquante mètres avant les guichets. comme la plupart des piscines des pays de l'ex bloc socialiste, elle est olympique, 50m, on est là pour le sport, sauf que depuis quelques années, il y a quatre fois plus de gens sur la terasse dehors que dedans, tout ce qu'il reste de sportif étant la tenue en maillot de bain. Les lunettes de soleil, ça fait déjà moins Matt Biondi. Et la chope 33 cl posée sur la table à côté du paquet de clopes élimine toute illusion. Disons-le, les mecs sont là pour mater les sirènes slaves qui passent en maillot de bain échancré.

Tant que je suis dans les lieux à recommander, j'ignore si ce qui suit se trouve dans un guide quelconque ou non, je n'en dispose pas. Tout d'abord, un restaurant de quartier, au fond de la rue Jeronimova qui est une voie sans issue. Les "Nisois" seront eux-mêmes épatés que vous connaissez cet endroit de cuisine traditionnelle serbe. Avec une bonne bière, ça fait l'affaire. Ensuite, au coin de la place centrale, à gauche de l'hôtel Ambassador (en grêve), il y a un bon bar. On a l'impression que c'est l'entrée des bureaux d'un ministère, et en fait ça l'est. Ce sont les locaux de l'ancienne télévision d'état locale, privatisée et rebaptisée "Belle amie" (en français) de mémoire. La buvette a été conservée avec son décors et son mobilier design des années 80 socialiste. C'est de façon très surprenante continuellement vide, mais le coup d'oeil vaut le coup.

Tout se trouve au marché noir, ce qui fait vivre les gens, c'est l'économie parallèle. Il y a douze ans à peine, le revenu mensuel moyen était inférieur a 30 dollars. Certains ont fait leur beurre durant la guerre. Des gens partis de rien se sont trouvés propulsés à la tête de fortunes considérables, fondues depuis. Il y a près de 50% de chômage. Loin de tout discours misérabiliste, les jeunes qui m'accueillent, la trentaine, me content les bombardements de 1999 comme s'il s'agissait d'un feu d'artifice un peu hors du commun. C'était un "show à l'américaine", les cibles étaient connues 24h à l'avance, même l'armée yougoslave avait le temps de mettre ses équipements les plus précieux à l'abri. "Ces trois mois furent les plus beaux de notre vie". Une fête permanente, les gens plus proches les uns des autres que jamais. Pas vraiment de pénurie ou même de rationnement, c'est au niveau psychologique que cela a été le plus dur. Et dans de telles circonstances, sans doute qu'un effet auto-protecteur, de fuite dans la futilité de la vie nocturne s'est mis en place chez une partie de la jeunesse serbe. Voilà une belle explication, néanmoins, il faut être en Serbie pour entendre des trucs pareils...

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