mardi, mars 20, 2007

La ronde des dates

Allez, je vais tenter d'émettre un billet par semaine, aux alentours du week-end. Un peu de discipline ne fera pas de tors dans cette société libanaise impertinente.
C'est la saison des lifts de nez sur les rayonnants minois des beyroutines. Il s'agit d'être prêtes pour le printemps et on ne rigole pas avec ça, je vous prie. Dans le kit de la jeune Aschrafiyote en sortie (Achrafiyote, de Aschrafyié, quartier chic de Beyrouth), il y a certainement en ce moment le sparadrap plaqué en travers du nez. J'envisage de lancer la mode du nez de clown. Ca ne ferait en tout cas pas de tors dans une société qui manque furieusement d'auto-dérision.

On vient de passer la trilogie tant attendue des 8, 11 et 14 mars, marathon qui a commencé le 14 février, non pas jour de la Saint Valentin, mais jour anniversaire du martyr Hariri. Le 8, c'est le mouvement d'opposition, Amal - Hizbollah - Courant Patriotique libre, plus une série de groupes plus restraints comme le PC Libanais. Il ne s'est rien passé, et l'événement fut effectivement que rien ne se passa. Le 14, c'est le jour de la majorité gouvernementale, en souvenir d'un jour lointain où elle avait capitalisé 1 millions de personnes dans la rue pour l'Indépendance du Liban. Et le 11, c'est un nouveau mouvement, qui se veut ni 8, ni 14, mais un compromis, voire autre chose, pour sortir le pays de la crise politique qui le paralyse économiquement. En tout cas, il y a un secteur qui n'est pas paralysé, c'est celui des annonceurs publicitaires. Tous ces mouvements dialoguent dans la rue à coups de panneaux 6 mètres sur 4. Investissons le calendrier, il y a encore plein de dates disponibles. Par exemple, en vue de radicalement se distancer des 8 et 14 mars, pourquoi ne pas prendre la date parfaitement opposée, de l'autre côté de l'année ? Oui, bon, cette date, c'est le 11 septembre, c'est pris aussi.

Tant qu'on est dans les dates, le 21 mars, c'est la fête des mères au Liban. Si je parle des mamans libanaises, c'est que j'en connais qui ont un drôle de courage. Ce sont celles qui font partie d'associations de fait, qui se battent pour retrouver leur enfant, leur frêre, leur mari, disparus durant la guerre civile, durant l'occupation syrienne et les invasions israéliennes successives. Je ne vais pas dresser le panoramique des disparitions, il y en a de toutes confessions et de tous bords politiques, le kidnapping a vraiment été une dure réalité dans les quasi 30 dernières années de l'histoire du Liban. Certaines de ces mères se battent depuis 25, 20 ou 15 ans pour retrouver leur progéniture, dans une dignité hors du commun. Sans savoir souvent avec certitude si il survit toujours dans l'une de ces prisons syriennes qui ont pour nom Tadmor section 3, Saydnayah, Damas Mazzé, Damas Section Palestine. Des noms qui font froid dans le dos lorsque l'on apprend les récits des quelques uns qui en sont revenus. Tadmor, c'est Palmyre, haut lieu de tourisme international, il s'agit juste de ne pas trébucher sur un ossement ou un crâne en vous promenant entre les ruines. Ce qui m'étonne le plus dans ce travail de reconstitution et de mémoire, c'est que les pères sont largement minoritaires dans ce combat de l'espoir. La mobilisation des mamans pour la vérité, quelle qu'elle soit, est vraiment remarquable. Voici quelques liens sur le sujet des disparitions et des détentions arbitraires :
http://www.solida.org
http://euromedrights.net/
C'est rare, mais il y a aussi des associations de droits de l'homme en Syrie, il faut les soutenir :
http://www.hrassy.org/english.htm

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