jeudi, janvier 26, 2006

3 nights in cairo

Le Caire - Je n'aurai jamais autant pris l'avion de ma vie et j'espere que je compenserai dans les mois qui viennent. Donc depuis Rome j'ai pris lundi soir un avion pour Le Caire, via Athenes, je salue par l'occasion bien bas les Grec(que)s passant sur ce site. Olympic Airways est la compagnie qui fait les tarifs les plus bas pour l'Egypte depuis l'Europe, il faut le savoir. Ceci dit, rien ne detrone desormais internet pour trouver et reserver un vol, desole pour les agences de tourisme dont la plupart des employes ne sont pas capables de se servir de leurs propres outils de recherche, a moins que ce ne soit pour vous vendre ce qu'ils ont envie de vous vendre, je ne suis pas certain. La ou les 3 agences de voyage visitees a Rome ne purent m'offrir un vol pour l'Egypte a moins de 450 euros, j'ai pu trouver un vol sur le net pour 200 euros, reserve le jour meme a 15h pour prendre mon ticket a 18h a l'aeroport. On n'arrete pas le progres...

L'ambiance a l'aeroport du Caire etait pour le moins hostile. J'ai fait pas mal d'aeroports, pas tous les aeroports du monde, tres loin de la meme, mais je ne me suis jamais senti autant agresse par les chauffeurs de taxi et autres. La police muette, aucun service d'accueil pour vous indiquer ne fut-ce l'endroit ou vous vous trouvez. Inscriptions en arabe uniquement, meme le nom de l'aeroport je n'en etais pas certain et comme il y en a 3 autour du caire, je ne savais meme pas si je me trouvais a 50, 20 ou 10 km de la ville, au nord est, a l'ouest ou au nord... Completement perdu. Pas la peine de vous adresser a qui que ce soit car il y a de grandes chances que vous parliez a un chauffeur ou autre qui allait vous dire evidemment que vous vous trouvez a 70 km du centre, deux heures de voiture et 100 livres egyptiennes et autres comedies du style. Devant l'effervescence, j'ai laisse passer la maree, j'ai attendu 3 heures et j'ai pris le premier autobus pour le centre du caire, ce qui m'a coute 50x (sic) moins que l'offre de taxi la plus basse proposee.

Au risque de tomber dans les poncifs, Le Caire est vraiment LA megapole par excellence.

On est tout d'abord impressionne par le niveau sonore des klaxons en tout genre, venant de partout, jour et nuit. Les egyptiens au volant klaxonnent quand ils depassent, klaxonnent quand ils croisent d'autres vehicules ou meme des pietons sur le trotoir. Les taximen klaxonnent tous les pietons qu'ils voient marcher sur le cote de la route, a l'affut du client. J'ai meme ete en voiture avec un taximan ou un chauffeur de micro-bus je ne sais plus qui klaxonnait automatiquement, sans raison, toutes les 5 secondes. C'etait devenu un conditionnement pour ce gars. Je pense que quand on achete une voiture, on ne regarde pas les amortisseurs ou l'etat des sieges, mais on regarde avant tout si le klaxon en jette et si il est assez puissant.

Ensuite, inutile de dire que les feux de signalisation, sauf si vraiment un agent de police les fait respecter, et encore, n'ont aucune espece d'importance. Les ronds points peuvent etre pris par la gauche ou par la droite, c'est selon. Les pietons qui traversent ne sont que des obstacles a eviter et entre lesquels il convient de klaxonner. Quand on traverse un boulevard, en l'absence de toute regle de feux et de priorites, il faut faire une sorte de rodeo entre les bandes de voitures qui defilent. Chaque traversee est une epreuve contre la mort. Et miraculeusement, je n'ai vu aucun accident impliquant une ou deux voitures, ou des pietons.

Le Caire est une ville inhumaine a premiere vue. J'ai assiste a une scene plus tard, mais que je souhaite replacer ici ou les gens se battaient dans une file au guichet de la gare Ramses, la gare centrale. Deux personnes avaient tente de se faufiler et de demander des renseignements au devant de la file, qui ressemblait a tout sauf a une file ceci dit. Un policier en civil intervient. Apres coup j'ai appris a les reconnaitre, ils portent tous une moustache (attribut qui doit faire partie de l'internationale des gendarmes) et surtout ils portent tous une veste en daim, d'une marque Fusiani ou quelque chose dans le genre. C'est deja moins impressionnant que les vestes en cuir des flics tunisiens. Ce policier donc commence a ENGUEULER tout le monde et force les gens a se mettre en file indienne, il devait bien y avoir 30 personnes. Vraiment comme a l'ecole. J'etais vraiment abassourdi, ces egyptiens, si grandes gueules, fondamentalement refractaires a toute idee d'ordre, tout a coup silencieux et alignes comme dans une cours de college apres la recreation.

Je comprends l'etat de nervosite de la population en general face a l'administration, face au pouvoir, face a l'arbitraire et a la corruption. Ce meme jour a la gare, alors que je suis suppose etre touriste et en quelque sorte "favorise" par rapport aux locaux (c'est reel) j'ai fait 5 guichets, remballe de l'un a l'autre et fait deux heures de file au total, parfois pour rien, pour obtenir un billet. Et meme pas celui que je souhaitais, car le trajet devait etre long et un billet en premiere classe n'aurait pas ete suprtflu, mais j'etais deja heureux d'en obtenir un qui me mene a l'endroit ou je voulais me rendre. Pendant cette peregrination, j'ai assiste a la priere de 19h dans un coin du hall principal de la gare. Une centaine de fideles avec tapis faisant leur rituel au milieu du passage des businessmen, des femmes, des touristes qui devaient en enjamber pour aller au bureau d'information, des miliciens et des allees et venues.

J'ai discute plus tard avec un cairote sur l'etat de deresponsabilisation de la societe egyptienne en mettant cela en lumiere avec le naufrage du el Salaam 98 ayant cause la mort de 1000 personnes au large de la mer rouge quelques jours plus tard. Le capitaine du el Salaam aurait, d'apres les temoignages, quitte le navire coulant en premier ! Pire, le capitaine d'un autre ferry passant dans les parrages aurait refuse de porter aide au ferry en perdition, car ce n'etait pas dans ses prerogatives de le faire. Les SOS lances par le el Salaam sont arrives pendant la nuit sur un recepteur de Port Safaga dont les preposes n'etaient pas a leur poste. Les armateurs du navire, pour contourner la legislation egyptienne, avaient fait agreer le navire aupres d'une compagnie italienne de triste memoire, elle meme faisant agreer le navire au panama. La gestion de la crise pour les familles fut catastrophique. Pour faire partir les familles furieuses, a la recherche de leurs proches, de Safaga, les autorites locales ont tout bonnement coupe l'eau et l'electricite de la ville pour en faire partir les gens. Des mesures a la grosse louche, pas de quartiers.

On a mis cela en parallele avec l'inhumanite des guichets, des services publics, des profits immenses d'hommes d'affaire construisant des immeubles qui s'ecroulent sur leurs occupants a peine 5 ans apres leur construction. On en est venu a la conclusion avec cet homme, qui comme beaucoup de ses compatriotes, en avait gros sur la patate, qu'il y avait un enorme travail a faire en matiere de responsabilisation, d'humanite, d'honnetete, meme et surtout en dehors des lois. Enormement d'Egyptiens, surtout de la classe moyenne, en sont plus que quiconque conscients et y aspirent. Tout ceci est grossi a la loupe dans le centre administratif et economique de ce joyeux bordel qu'est le caire.

Ma premiere experience au Caire sera tres difficile et n'aura rien de comparable a ma deuxieme experience deux petites semaines plus tard. J'avais eu un peu la meme impression lorsque j'etais arrive a Bombay en avril de l'annee derniere, il fallait fuir au plus vite cette ville, quitte a y revenir plus tard.

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