mardi, novembre 07, 2006

Beyrouth (1)

J'en apprends tous les jours sur la politique libanaise. C'est vraiment un concentre de tout ce que la politique peut faire de pire sur une societe. Je commence a decerner les differents courants, qui est qui, qui est allie (temporaire) avec qui. C'est clair que comprendre la politique libanaise est le meilleur exercice que pour mesurer le machiavelisme et le realisme de n'importe quelle situation politique dans le monde. C'est aussi être témoin de l'impuissance absolue de la politique, dans la mesure où elle n'a pas empêché une guerre qui a duré 15 ans, et elle semble de nouveau mal adaptée à la situation actuelle.

Il y a trois semaines, de nombreuses voitures, camionnettes, 4X4,... partent de Jounieh, la cité balnéaire bourgeoise du Liban, à 15 km au nord de Beyrouth, en cortège. On arborre la photo d'un gars qui ressemble vaguement a JFK. Il s'agit de Dory Chamoun, fils de l'ancien president, chef du parti liberal, allie de Aoun en 1989 lorsque ce dernier a commence sa campagne militaire pour mettre l'armée syrienne dehors. Aoun a échoué et est parti, exilé en france. Le clan Chamoun est reste et Dory s'est fait assassiner chez lui, avec sa femme et deux de ses 4 enfants par la milice phalangiste de Geagea et les syriens. Geagea s'est fait condamner a mort entre autre pour ce fait en 1994. Sa peine a ete commuee en peine de prison. 11 ans plus tard, en 2005, Geagea est sorti de prison et est a present le chef du parti des forces libanaises (heritiers des phalanges) qui fait partie de la coalition... anti-syrienne du 14 mars. Aoun est aujourd'hui l'allie du bloc qualifié de "pro-syriens", en tout cas avec le hezbollah. Un exemple de retournement de veste réciproque, tu me passes ta veste, je te passe la mienne.

Tout ceci mene a des situations ou sur un meme mur on verra des affiches surcolees ou quasi cote a cote de Dory Chamoun (liberal chretien), Samir Kassir (laic de centre gauche) et Rafic Hariri (sunnite de droite) tous les 3 assassines, puis sur le meme mur les posters de leurs assassins. Voilà la politique au Liban, c'est la joie. J'ai parfois envie de me munir d'un pinceau et d'un pot de peinture et de tracer des flêches entre les portraits, des liens, des signes "=", des signes "><", des petits coeurs etc... Ce serait une nouvelle démarche éducative intitulée "la politique libanaise expliquée au passant".

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