lundi, avril 10, 2006

La region du Dofhar, Salalah

Salalah, Sultanat d'Oman - Il y a deux options pour passer du Yemen a Oman. Par la montagne et par la cote. Il y a encore cinq bonnes annees, c'etait un exercice a faire en 4x4. Il y a a present deux routes en asphalte qui relient les deux pays. C'est parfois une route qui se transforme en piste, mais c'est carrossable. Avec les arrets aux frontieres, il faut compter quinze heures de bus pour relier Al Mukalla au Yemen a la premiere ville au Sultanat voisin, Salalah. Le bus emprunte est un mini-bus 20 places, tout confort et air conditionne, avec de grandes fenetres. On demarre avec quatre passagers, et la premiere heure est cadencee comme il se doit par notre ami Al Bakkara, chanteur saoudien populaire dans tout le monde musulman, qui chante-recite le Coran.

J'ai l'impression de traverser un desert dans une sorte de papamobile avec air conditionne. A droite le bleu clair du ciel, le bleu marine du large, le bleu turquoise du rivage, puis, decline sous tous les tons, le beige, du sable, des terrains rocailleux... A gauche, du desert de roc, des montagnes. De temps en temps, une petite agglomeration, ou parfois un petit bosquet de palmiers. Plus etonnant, des rassemblements de tentes de bedouins ou d'immigres echoues sur la cote. Voila le decors pendant un petit millier de kilometres. Pendant le trajet, le bus se remplit. On a le temps de reflechir.

Passage de la frontiere apres la tombee de la nuit. Les Omanis de retour au pays et les quelques Yemenis qui font la route vers Oman ont enfile leur belle robe blanche, passe au dash. On se peigne la barbe et les jambias sont rangees dans les valises. Le poste de frontiere de sortie du Yemen est plus pointilleux que le poste d'entree d'Oman... Mon cas, tout a fait en regle, a du faire patienter les 19 autres occupants du bus au premier poste, le prepose ne voulant aps croire que mon visa yemenite etait valable 3 mois, lisez, il esperait un back-sheesh, mais au bout du compte, on est tous passes.

Salalah ressemble a un vaste zoning commercial et industriel avec air conditionne, traverse par des voitures aux vitres fumees et avec l'air co. Meme les mosquees sont hermetiquement fermees et ont l'air co. Il est vrai que sans air conditionne, il est tout simplement impossible de faire quoi que ce soit entre 10h du matin et 10h du soir. Le soleil est ecrasant, il fait humide, en milieu de journee, il est difficile de garder les yeux ouverts sans lunettes de soleil, l'environnement, les batiments virant du jaune clair au blanc.

Les Indiens, Pakistanais et autres Bengalis sont partout et ont largement envahi tous les aspects de la vie omanaise. Les fast foods, les restaurants, la musique, les films a la tele, tout est berce de tabhlas, de bollywood et autres chicken byriani. A Mirbat par exemple, a 70 km de Salalah, il y a une communaute de bengalis qui trompent leur temps autour de the aux tables devant un troquet un peu a l'ecart de la rue, typiquement le shop de the que l'on trouve partout en Inde. De ce cote-ci, c'est bengali et pakistani. De l'autre cote de la rue, c'est le Kerala, deux restaurants et un flat hotel possedes ou habites par des Indiens de cet etat du sud de l'Inde. Mon interlocuteur, un Bengali ne l'annee de la separation du Bengale et du Pakistan (allez, un petit concours), est depuis 17 ans au Sultanat d'Oman. Il connait 5 langues. Outre le Bengali et l'anglais appris au pays, et l'arabe appris dans son pays hote, il parle couramment Urdu et Hindi rien qu'au contact des communautes presentes ici ! Ouvrier dans la construction, il m'explique que les conditions se sont reserrees pour les travailleurs immigres depuis quelques annees. Hautes taxes de sejour en vigueur et refoulements aux frontieres sont le lot quotidien de ces travailleurs qui batissent les buildings et les routes de ce pays sans air co. La plupart sont ou se disent musulmans.

Khor Ruri



Jadis l'un des premiers ports du monde il y a deux mille ans, il ne reste absolument rien de cette periode faste, a part quelques ruines disseminees, et meme pas de quoi imaginer a quoi cela pouvait bien ressembler. La cote sud de la peninsule arabique, ou je me trouve, etait fertile en arbres a frankinsense . Salalah occupant une position centrale, elle etait sur la route de depart. Encens, substance tres prisee a l'epoque, faut-il rappeler la place dans l'imaginaire occidental des rois mages partant exactement de cette region avec de l'or, de la myhre et de l'encens, du frankinsense en fait, vers la Palestine. Comme des centaines et des centaines de marchands faisant le meme trajet a l'epoque, vers la Palestine ou le Liban actuel...

On peut etre rattrape par le mythe 'Planete des singes' en decouvrant Khor Ruri. Une place qui a du grouiller de monde, une ville portuaire, l'une des plus importantes au monde. Aujourd'hui, une plage de sable blanc deserte a perte de vue devant une falaise. Quelques pierres perdues. Un parc naturel pour oiseaux sauvages ou paitrent quelques boeufs le long des berges. Pour peu on decouvrirait un morceau de la statue de la liberte ou la main de Brabo.

Wadi Dharbat

Plus loin sur la cote debouche le Wadi (vallee assechee la plupart du temps) Dharbat. On vient de tout le moyen-orient dans cette region en juillet et en aout car le Khareef (la mousson) y sert une bruine rafraichissante qu'apprecient fort les populations aisees du reste du Moyen-Orient en cette periode ou la temperature atteint des pics partout dans la region. Il s'agit essentiellement d'un parc naturel. Je ne parle pas du parc naturel ici, mais des routes en general. C'est toujours amusant de voir un ou plusieurs chameaux ou un boeuf marcher sur le cote de la route vers on ne sait ou, seuls, sans bedouin. Les chameaux sont des animaux adorables (oui, je sais, ce sera le quote de l'annee). A l'approche d'une voiture, il arrive frequemment qu'ils decident a la derniere seconde de traverser la route du pas cool qui leur sont propres et leur sourire permanent aux levres. Les boeufs par contre sont souvent isoles et marchent droit devant eux, en suivant la ligne d'accotement. C'est hallucinant, on pourrait croire qu'ils font du stop. Ceci a cote des troupeaux de chevres et des chiens errants, rien d'extra-ordinaire. Au detour d'un tournant dans le wadi dharbat par contre, j'ai vu un loup traverser la route furtivement devant moi.

Voir album Oman.

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