mercredi, avril 12, 2006

Au sujet du Sultanat

Muscat, Sultanat d'Oman - Y'a-t-il des prisons a Oman ? Si oui, y trouve-t-on des prisonniers ? La population semble tellement honnete et pacifique que c'est dur a croire. Le plus grand danger, c'est la route. 25 morts pour 100.000 habitants l'annee passee la ou la moyenne mondiale est de 19 pour 100.000. Un carnage. En deux heures de presence dans la rue a Salalah, j'ai assiste a un tamponnage a un carrefour. Les conducteurs sortent et se serrent la main. Plus fort encore, ils se font une accolade chaleureuse avant de commencer la discussion. Plus grave, a la sortie d'un virage, quatre hommes portent un blesse inconscient dans un minibus qui file vers l'hopital. Il s'est fait accrocher la tete par le retroviseur d'une camionnette. Au bas mot un litre de sang epais sur le tarmac. Tout ceci en moins de deux heures dans une ville de province. La route est toute puissante, ou plutot, la voiture. Le litre d'eau a la station service est plus cher que le litre de carburant. Ce n'est pas demain la veille que l'on inventera la voiture a l'eau ici.

La cote dans la region de Salalah est bordee de multiples chateaux-forts. Certains ont encore servi et ont ete le theatre de combats dans les annees 1970, lorsque l'actuel Sultan, Qaboos bin Said, deposa son pere regnant depuis Salalah a 1000 km de la capitale, avec l'aide a couvert des Britanniques et sans doute de Shell. Le sultan Qaboos, qui regne depuis lors, est pour l'instant le chef d'etat le plus apprecie au sein de la population des pays que j'ai traverse. Il a investi une bonne partie des revenus petroliers dans l'infrastructure et dans l'education. Les journaux titrent que des milliards de dollars vont etre investis dans de nouvelles recherches petrochimiques et craignent juste le manque de main d'oeuvre et d'ingenieurs. Ce n'est pas grave, repondent les autorites, nous avons la jeunesse et nous allons les former. C'est comme cela depuis 30 ans. Le Sultan a fait passer Oman d'une situation quasi moyen-ageuse a une position phare de richesse et de bien-etre dans le moyen-orient. Le petrole et le gaz sont effectivement clef. Quand on parle avec de jeunes locaux, une phrase qui revient souvent est "on prepare l'avenir". Il y a une organisation scientifique, rationnelle et froide de la societe et de son developpement. Des cartes de developpement touristique sont affichees meme dans le plus petit des campings. Ou investir, quelle activite a mener, dans quel delai, des statistiques sont fournies par l'etat. On parle formation, avancement professionnel, le niveau d'anglais est excellent. On sent cette analyse realiste du fait que cette periode faste due aux ressources petrolieres ne pourtrait pas durer indefiniment.

Toutes les renovations et constructions de palais ont ete pensees avec un raffinement pousse a l'extreme, parfois un peu "too much" (des trottoirs en marbre, c'est classe, mais bon...). Les jardins sont superbes, le mobilier urbain rutilant, ca brille et c'est dore partout. Un sommet etant l'hotel Hyatt dans le quartier des ambassades. Un hall d'aeroport vous accueille, recouvert de marbre, de boiseries et des tissus les plus fins. Un autre exemple est le palais du Sultan dans la ville historique de Muscat. Muscat est divisee en 4 ou 5 agglomerations separees. Le Muscat historique proprement dit ressemble a un quartier de palais, et on continue a en construire, comme si il n'y en avait pas assez. Les jardins publics sont tranquiles, les familles s'y reposent et la serenite y est le maitre-mot. Tranquilite juste interrompue par une bande de filles en burqa integrale qui ont investi les auto-tamponneuses, sous le regard lubrique d'une bande de jeunes gars dans leur robe blanche et leur keffieh blanc serti d'un cordon noir autour de la tete pour le faire tenir.

C'est maintenant que ce pays connait une periode faste. Je ne sais pas si l'on peut parler de reelle democratie. La presse par exemple ressemble plus a une revue des soirees et des galas donnes en l'honneur de tel president de telle firme petroliere, digne de magazines people qu'a une presse d'investigation. Mais il se degage en tout cas de cette societe une forte impression de tranquilite d'esprit. Et franchement, pour paraphraser, quand tout va bien, pourquoi se prendre la tete ?

Je me demande ce qui restera de tout ceci bien apres la fin de l'exploitation des ressources petrolieres. La fin du petrole, encens de ce siecle pour Oman, sonnera-t-il le glas pour ce pays ? La magnificence des palais triomphants de couleurs dans cette lumiere eclatante sera-t-elle reduite a quelques tas de blocs de beton informes et gris, que des touristes fouleront dans quelques siecles, comme on le fait aujourd'hui a Luxor ou a Persepolis ?

Voir album Oman

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé, chez nous aussi le litre d'eau acheté dans une pompe est plus cherqu'en litre d'essence...

Anonyme a dit…

ha ouais ?! je voudrais bien voir ca...

;-)

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