mercredi, mars 08, 2006

Vie tranquile a Sanaa acte I

En fait, je pourrais chaque jour poster un texte avec pour titre "vie tranquile a Sanaa". Je pourrais aussi l'appeler par exemple aujourd'hui "Journee internationale de la femme". A ce propos, je sais, c'est de l'ingerence, mais n'hesitez pas a aller sur le site du Yemeni Times, journal national en anglais, independant, au 3/4 de la page il y a un sondage si il y est toujours, merci d'y repondre en ame et conscience. Les principales interessees ne sont peut etre pas en mesure d'y repondre. (note 16/3: les lecteurs et lectrices de ce journal ont plebiscite la creation d'un ministere de la femme a plus de 75%).

A la recherche du sesame, le travel permit.

Le seul guide dont je dispose date de 5 ans et concerne tout le moyen-orient, donc il arrive que certaines adresses, certains renseignements ne sont plus vraiment d'actualite. Je me suis donc rendu a l'adresse qu'il indique pour la suite de ma quete du St Graal, a savoir le permis qui me permettrait de voyager de facon independante au Yemen. Je me trouve donc ce samedi dernier devant un batiment imposant, a l'adresse indiquee. En fait d'adresse, il faut etre tres perspicace, il n'y a absolument aucun nom de rue, et il arrive parfois, quand il y en a, qu'ils changent selon la volonte des habitants, remplacant les panneaux sans meme en aviser les authorites. Je n'y croyais pas, mais ceci etait dans le journal cette semaine. Ca c'est de la democratie directe.

Donc, un peu en dehors de la sharia hodeida, on suit la rue de bagdad et on devine la rue numero 5, voila le batiment, immense, 2 ailes de 5 etages, 11 rangees de fenetres de chaque cote. Un grand panneau indique :

Republic of Yemen
Water and environment ministry
Environment protection authority


Au rez de chaussee, une piece de conciergerie, dans laquelle 3 gars sont installes et me disent que ce que je cherche ne se trouve pas ici. Ayant pris l'habitude en deux mois d'aller au dela de ce genre de petits obstacles, je repasse discretement 5 minutes plus tard et je monte au premier etage ou se trouve le ministere. Selon mon guide, le permis s'obtient aupres de la police du tourisme, elle meme liee au ministere de l'environnement. Je me dirige donc vers le premier bureau, je passe ma tete par la porte et la, au bord de l'eclat de rire, je demande a l'assistance "Tourism police ???". Il y avait la bien 15 gars, assis par terre en rond autour de la piece, avec chacun un petit tas de qat devant eux, en train de macher tranquilement leur vegetal. J'etais bel et bien arrive en plein milieu d'une qat session. C'est vraiment une pandemie...

C'est fou le nombre de gens qui vous proposent dans la rue, dans le bus, meme des officiels, des profs d'ecole.... de passer un moment avec eux a chiquer du qat. Jusque maintenant j'y ai resiste. Meme si il s'avere que les effets sont limites, les gens n'ont ni l'air excessivement agressifs ni completement stoned, quel est l'interet a se procurer une nouvelle addiction ? Evidemment, les islamistes, comme toute authorite morale, y voient un signe de decadence, une substance a proscrire comme l'alcool ou la marijuana, les authorites medicales soulignent les effets de perte de libido et sur la sante digestive et dentaire, les ecologistes soulignent le fait que 75% (sic !) des reserves d'eau du pays sont consacrees a sa culture et
saborde la diversite vegetale du pays, mais rien n'y fait, les chiqueurs, qui representent selon les statistiques 80% de la population (meme le president de la republique a avoue en chiquer parfois le week-end) vous diront que ca fait 500 ans qu'on mache du qat au yemen, que c'est absolument sans danger, qu'on a l'esprit clair et qu'il permet meme de se concentrer sur sa tache comme rien d'autre ne le permet.... Enfin, je redoute le jour ou quelqu'un aura l'idee de synthetiser cette plante, la faisant passer de qat a "qatine", l'equivalent de ce qu'est la cocaine a la feuille de coca, je vous dit pas les degats....

Pour les voyageurs potentiels non foireux, je vais quand meme l'expliquer, la police du tourisme se trouve en fait au bout de la 26th of September street, au bord d'un terrain vague a mon avis que seules les agences de tourime connaissent, au rez d'un hotel qui ne se trouve pas loin, preparer des photocopies de son passeport et du visa, etablir un itineraire PRECIS des endroits ou l'on compte se rendre, et pour ma part, l'officier n'a pas voulu me delivrer un permis general. Je vais devoir me rendre chaque semaine pour expliquer ou je compte me rendre le week-end suivant. On va finir par etre potes. Enfin, il a deja accepte le principe que je traverse le yemen d'ouest en est en passant par telle et telle ville, c'est deja cela. Sans permis, pas moyen de passer les controles de police tous les 50 ou 100 km.

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