samedi, mars 18, 2006

Al-Mannakah et Al-Hajjarah

L'expedition en solo du week-end, pendant que tout Sana'a chique du qat, a pour but un village perche au sommet des montagnes a une centaine de kilometre au sud ouest de la capitale yemenite, sur la route d'Hoddeida, lieu de depart d'une excursion que j'arrangerai sur place.

Le chauffeur du bus longue distance, sans doute distrait par la projection sur le canal video d'un film de John Woo avec Jean-Claude Vandamme, et alors qu'une bonne partie des occupants avaient la nausee dans ce tombeau roulant flirtant avec les ravins (a moins que ce ne soit a cause de Jean-Claude), oublie de me deposer au tournant de al-Mannakah. Et c'est au moins une heure plus tard, alors que je commencais a trouver le temps long, qu'on s'en est rendu compte. J'etais en train de discuter avec mon voisin qui est Yemenite, habite a Djibouti et fait des etudes en IT a Huddeida (je n'ai toujours pas compris), lui expliquant entre autres que le type a l'ecran a la meme nationalite que moi et que c'etait un drame national (a mon avis il n'a toujours pas compris pourquoi non plus) et je n'ai pas vu le temps passer.

Arrives une demi-heure plus tard dans une petite ville, le chauffeur apres avoir crie sur 3 ou 4 passants, me dit qu'il n'y a plus de "pigeot" pour Sana'a. Quelques passagers me disent, et dans ce genre de situation, c'est fou comme on vous prend pour un enfant dans certains pays, que je ferais mieux de rester dans le bus jusque Huddeida (encore 2 heures plus loin), dormir sur place et revenir le lendemain matin. Ca voulait dire que mon week-end etait quasiment perdu. Il serait inconcevable qu'a 4h de l'apres midi, il n'y ait plus de taxis partage pour Sana'a passant pres de Manakkah, meme dans la moindre petite ville yemenite, et je quitte donc le bus. Les premieres "offres" de transport sont evidemment fantasques, c'est fou aussi a quel point on peut vous prendre pour un cretin et effectivement plus loin je trouve un break peugeot a moitie rempli et nous partirons une vingtaine de minutes plus tard direction Sana une fois la dizaine de places occupees. J'arriverai a al Hajjarah au sommet de la montagne apres la tombee de la nuit, faisant les 8 derniers kilometres de montee en passager de moto.

Pour ceux qui ont connu, et je fais ici dans le potes-blog, il y avait dans le refuge exactement la meme tapisserie que celle qui figurait dans le salon de la maison parentale ou nous passions des nuits a jouer aux cartes. 3 cerfs buvant de l'eau dans une mare, et le cerf central qui, si l'on cache la moitie de son visage, a une tete de demon et l'autre moitie une tete de biche. Et le petit faon a sa droite a toujours plus l'air de vomir que de boire. :-) Il parait que ce chef d'oeuvre vient d'arabie saoudite, voila le mystere elucide plus de dix ans apres.

C'est en pleine meditation devant cette tapisserie et un bon repas que je verrai arriver deux etudiants, une francaise et son compagnon allemand, tous les deux tres sympas et ils allaient bien ensemble. Ca faisait longtemps que je n'avais plus parle francais a quelqu'un a batons rompus. Ils parlaient ceci dit tous les deux tres bien arabe, ce qui me donne une idee du chemin qui me reste a parcourir...

Un trek de 6 heures m'attend le lendemain et pour une fois, je me suis pris un guide des le depart, ca permet de mieux se concentrer sur le paysage et il en vallait fort la peine. Nous avons traverse et longe une bonne dizaines de petits villages suspendus au sommet de pics de montagne, des villages de quelques maisons a villages "semi-urbains" (al Hajjarah). Entre ces villages, des plateaux etablis par les hommes a renfort de pierres et de remblayage, laboures a la charrue tiree par des anes ou un boeuf.

Du point de vue de la vegetation et des cultures, tout est occupe par du qat et parfois du cafe sur les flancs de vallees. Au fond de la vallee, dans le wadi aseche, on trouve des bananiers et des mangues. Les rares humains que l'on croise sont des femmes recouvertes avec une charge transportee sur la tete, les hommes labourent les champs ou se reposent. A un moment, j'ai vraiment regrette de ne pas avoir un appareil photo classique et un film noir et blanc dedans. Nous suivions 3 femmes marchant vers une falaise, recouvertes d'une burqa qui flottait legerement au vent, c'etait gracieux, le tout devant elles sur fond d'un brouillard epais.

Ce qui est vraiment particulier, c'est que ces villages se fondent litterallement dans la montagne, les maisons etant faites des memes pierres. L'integration a l'environnement naturel est parfait. De loin, on met parfois du temps a distinguer tel ou tel village, quasi camoufle dans le paysage, dans la continuite des falaises.

Une particularite, mais pas vraiment unique, le gros village d'Al-Hajjarah etait compose naguere de deux parties, une partie habitee en majorite par des musulmans, et une partie habitee par des juifs, avant que ces derniers ne rejoignent Israel dans les anness 50, consecutivement a la creation de l'etat hebreu.

Pour les photos relatives a ce post, voir album Yemen page 5, dscn2318 et suivantes.

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