mercredi, octobre 17, 2007

Iraq, Oil and politics

Dans le cadre des conférences organisées par le CIEL à l'USJ, une conférence de Walid Khadduri.

Walid was educated at: Baghdad College, Baghdad 1959, then took a BA in Sociology, Michigan State University, 1963 and MA and PhD in International Relations, The Johns Hopkins University, 1966, 1972..

He has been Director of Research, Institute for Palestine Studies, Beirut, 1970-73.Instructor, Political Science, Kuwait University, 1973-75. Director of Information, Organization of Arab Petroleum Exporting Countries (OAPEC), Kuwait, 1975-1981Managing Editor, Middle East Economic Survey (MEES), Nicosia,1981-2003,Editor-in-Chief, MEES, 2003-2004.Economic Editor. al-Hayat, Beirut, 2004-2006.

He is the author of books and articles on geopolitical aspects of Middle East Oil.
  • Pourquoi la guerre ?

Pourquoi l'Irak est-elle tellement importante ? Elle détient la deuxième place des réserves de pétrole mises à jour, derrière l'Arabie Saoudite (1). Les causes officielles de la guerre en 2003 étaient les Armes de destruction massive, puis les liens du régime avec le terrorisme d'Al Qaeda. Aucune de ces allégations n'ont pu être prouvées à ce jour. Pire, il semble que la guerre ait alimenté la croissance du réseau terroriste d'Al Qaeda.

Alan Greenspan a reconnu que le pétrole était la raison de l'invasion.
Commercialement, il n'y a pas de différence dans l'exportation du pétrole vers les Etats Unis. Le niveau a toujours été sensiblement pareil, quel que soit le régime à Bagdad. Des raffineries sont prévues depuis des lustres aux Etats Unis, spécialement conçues pour le raffinage du brut lourd et épais irakien.
  • Production et économie du pétrole

L'Irak pourrait produire 2 millions de barils de pétrole supplémentaires si elle était en situation de paix. Et ceci ne concerne que les champs découverts. La production actuelle est précisément de 2 millions de barils par jour, elle pourrait donc doubler. Sur les 2 millions de barils produits par jour, 1,5 millions de barils sont destinés à l'exportation. Il faut reconnaître que depuis 30 ans, l'Irak est en guerre ou sous embargo, et cette production optimale n'a jamais été atteinte. La limite à l'exportation met la pression sur les prix. Il y a des champs encore inexploités en Irak, un cas unique au monde. Notamment un champ de 600 mille barils par jour, découvert en 1973 dans les provinces kurdes et toujours pas exploité. Cette production est équivalente à celle du Qatar.

  • Fédéralisme et distribution

Auparavant, le pétrole était nationalisé et centralisé. La question de la distribution des revenus du pétrole nécessite une médiation. 90% des ressources se trouve au sud. La fédéralisation de l'Irak est un fait. Il y a trois parties. La constitution est vague sur la distribution des revenus du pétrole et son exploitation. Les Kurdes, au nord, commencent à signer des contrats avec des compagnies étrangères. Dix accords ont déjà été signés par les Kurdes. Les majors qui signent avec une entité fédérée ne peuvent en principe pas travailler dans le reste du pays, elle doivent donc mesurer les pertes et les bénéfices de tels accords.

Après une négociation de 10 mois, un accord de distribution est intervenu, pour une période de 20 ans.
  • Conditions

Les conditions quotidiennes internes sont, malgré cette richesse énergétique, désastreuses. Il y a à peine une heure d'électricité par jour sur le réseau. Dix millions de dollars se perdent par jour dans le vol de pétrole et la corruption.

On sait que la situation sécuritaire à Bagdad est désastreuse. Le Secrétaire d'Etat au pétrole a été enlevé par une centaine de kidnappeurs dans ses propres bureaux devant ses gardes de sécurité impuissants.
Depuis 2003, vingt pour cent de la population a émigré.

Al Qaeda contrôle la plupart des entrées de Bagdad. Il n'y a plus d'armée ni de police sérieuse. Certains éléments de ces corps "de sécurité" tuent parfois sur simple base de la carte d'identité.
  • Problèmes extérieurs
Dans la problématique Région kurde vs. Turquie, le seul oléoduc de sortie est vers la Turquie. Etant donné les tensions, plus de cent compagnies turques ont quitté la région kurde depuis la régionalisation.
Le pétrole est une question nationale, voire nationaliste, en Irak. La possibilité que les Etats Unis s'approprient des champs en contrepartie de "leur effort de libération de l'Irak" est extrêmement mal perçu dans la population.
Il y a aussi des problèmes frontaliers concernant des champs. Avec l'Iran et le Kuweit. Si on compare avec la Grande Bretagne et la Norvège, le conférencier fait état de la nécessité de gouvernements solides et sensés pour une exploitation commune saine et intelligente de ces ressources.
Dans cette structure d'Etat fédéral, chacun tire parti de ses voisins. Les Sunnites de l'Arabie Saoudite, les Chiites de l'Iran, et les Kurdes des autres Kurdes, et paraît-il, d'Israël.(2)
Historiquement, chaque fois que Bagdad a été faible, les Turcs et les Perses sont entré en Mésopotamie pour occuper le Kurdistan.

Au sud, à Basra', on voit apparaître des milices chiites pro-irakiennes, et d'autres pro-iraniennes, qui s'affrontent violemment. Le conférencier rappelle que lors de la guerre Iran - Irak, le gros des troupes était composé d'Irakiens de confession chiite. Le sentiment patriotique a toujours été développé au sein de toutes les confessions.(3)
  • Que faire ?
Il est bien entendu impossible de développer l'exploitation du pétrole dans les conditions actuelles.

Les Irakiens doivent s'asseoir et élaborer un nouveau contrat social : quel type d'Etat veulent-ils ? Un Etat religieux ou séculaire ? Un Etat centralisé ou décentralisé ? (4)
Après la conférence, un silence de quelques secondes, lourd, a régné sur la salle, comme si il n'y avait rien à y ajouter.

Commentaires :

(1) Il y a d'autres raisons à l'invasion U.S. de l'Irak. D'une part, les Etats Unis n'ont pas que le pétrole comme intérêt dans la région, même si ce n'est pas le moindre. Il y a aussi le marché des armes auprès des pétromonarchies du Golfe (voir un article précédent), les bases militaires au Bahreïn et au Qatar, et la protection d'Israël. D'autre part, l'affaiblissement relatif du lien entre l'Arabie Saoudite et les Etats Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001, ont amené les Etats Unis à revoir leur stratégie dans la péninsule arabique en procédant à un rééquilibrage de leur dépendance à l'égard de Riyad. Un pied à Riyad et un pied à Bagdad.
(2) pourtant alliée à la Turquie.
(3) Bien que le conférencier n'ait pas été en mesure d'expliquer pour quelle raison ces tensions communautaires sont apparues subitement, comme si elles venaient de "nulle part".
(4) Gageons que ces questions ne se posent même plus aujourd'hui...

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