Mais que se passe-t-il dans la rue ? Est-ce dangereux ?
Au 3e jour, je me suis quand meme decide a sortir et a aller visiter cette bonne vieille ville d'Aleppo. Au coin de la rue xxx, un gars vend des DVD et des CDs de films, avec un appareillage de campagne, un petit ecran couleur et un lecteur branches je ne sais trop ou. La foule s'amasse regulierement a chaque nouvelle representation. Hier soir c'etait un petit film a la gloire du Hezbollah en boucle. On voit un attentat sur une place de village, les djihadistes, tous embusques, sortent des armes d'en-dessous de leur djellabahs et descendent des soldats israeliens. S'en suis une course poursuite de l'un des instigateurs de l'attentat poursuivi par des militaires israeliens, qui s'echappe de toit en toit et en descend grace a une corde a linge. Ca tient de la bouffonerie. Sous une musique typiquement syrienne et un chant bien entrainant pour casser de l'Israelien. Au tout debut j'ai vraiment cru qu'il s'agissait d'une pub pour le recrutement de djihadistes, mais ce n'etait qu'un film. En tout cas je donnerais cher pour jouer dans un film pareil, ils avaient l'air de bien s'amuser.
Ce soir quand je suis passe, il y avait a l'ecran des femmes bien en chair, tee-shirt trop court et jeans moule-fesse du meilleur effet je vous dis pas, qui faisaient "chouf chouf", expression typique pour designer une sorte de danse du ventre, les bras a l'horizontale, ici sur fond de paysages de desert montagneux. Et chaque fois cette foule qui s'arrete sur le trottoir, on ne peut que partir en souriant.
Une autre scene surrealiste en rentrant un soir tard dans mon palais andalou, un camion nettoyeur s'engage dans la rue juste au moment ou je la traverse. Il fallut de peu que je ne sois balaye par le jet d'eau. Car en fait de jet d'eau, c'est un veritable karcher qui est branche sur ce camion citerne. Il fait 10 metres ce camion. A la cabine du conducteur, a droite, un drapeau syrien flotte au vent, a gauche, le drapeau jaune du hezbollah. Le Hezbollah nettoie la rue au karscher, qu'on se le dise. Ca donnera peut etre des idees a Sarkozy.
Halep est une ville passablement hostile, surtout sous le soleil ecrasant. Les gens sont nerveux, meme pour eux il fait trop chaud. La circulation est dense, les klaxons continus. On se bouscule constament, on sue. Il ne faut pas oublier de boire, beucoup, tout ce qui traine. Les vendeurs de limonade au gingembre qui repose autour d'un bloc de glace. Boire aux fontaines des mosquees. Boire du the brulant, ca aide a surmonter la soif aussi. Le souq d'Halep est passablement frais, avec ses rue super etroites et ses "Khan" (anciens refuges de voyageurs, en general des batiments construits autour d'une cour-jardin). Les gens restent eveilles jusqu'a 2 heures, 3 heures du matin. A 4h30, le muezzin s'egosille pour la premiere priere de la journee, elle va etre longue.
Cette annee, il n'y a pas de touristes. Dans la fournaise de juillet et aout il n'y en a deja pas beaucoup. Mais cette annee, en plus, il y a les evenements au Liban. Pas beaucoup de possibilites de visiter les sites autour d'Halep en taxi avec d'autres touristes pour partager les couts. Et le faire seul, en transports en communs, j'en ai un peu marre de visiter des ruines seul. J'imagine aussi ce que ca doit etre, la, au milieu des ruines d'apamee ou dans les villes mortes en plein desert.
Heureusement il y a les hammams et les maisons de the ou on fume le narguile pendant des heures. Mais dans un cas comme dans l'autre il ne faut pas en abuser, une fois par semaine ca suffit. Et heureusement aussi, les Syriens sont conformes a leur reputation d'hospitalite et de gentillesse. Il est impossible de se sentir seul dans ces circonstances.
Il y a quelque chose qui ne marche fondamentalement pas en Syrie, le delabrement est perceptible a tous les niveaux. Prenez les telephones publics par exemple, je parle d'Halep, je ne sais pas si c'est pareil ailleurs. Mais toutes les cabines publiques sont depourvues de telephone. Alors je ne sais pas si ceux-ci ont ete arraches ou si ils doivent toujours etre places, j'en ai fait 40 plutot qu'une, mais partout pareil. Par contre j'ai vu des voitures superbes, de vieilles mercedes et des ancetres qui roulent toujours utilement. Les taxis pullulent et heureusement sont legers. A mon arrivee a la gare de bus, je ne m'etais pas rendu compte que l'un d'entre eux etait en train de me pousser la jambe tout en me roulant sur le pied. Il
me roulait dessus le con. Je pense meme qu'en faisant marche arriere il m'a roule sur le pied une deuxieme fois. On apprend a la longue a user de ce regard noir avec le geste indispensable qui consiste a joindre les 5 doigts en l'air.
Hama
Le lendemain, ce sera donc le Krak des chevaliers. Je passe les details historiques, toute bonne encyclopedie comme wikipedia.org est apte a donner de precieux renseignements.
La journee avait bien commence, en fait j'ai pris, une fois n'est pas coutume, une excursion et l'organisateur s'est rendu compte qu'il avait inscrit plus de gens qu'il n'y a de places dans la camionette. Je suis reste la sur le trotoir avec un couple de polonais.
On n'a pas perdu au change, une SUPERBE bagnole s'est amenee, une mercedes blanche immacule, avec le vieux sigle mercedes devant, le radiateur comme un juke box, interieur cuir, changement de vitesse avec un levier au volant, petite manivelle dans la portiere pour ouvrir les petites fenetres laterales, elle devait dater des 50's. Vraiment une superbe bagnole. Donc on monte, les polonais derriere, moi devant. Tout se passe bien pendant la journee, on recroise les autres qui n'en croient par leurs yeux. Ca frime, je fais le malin en discutant avec les gens, de toute facon, "ma" bagnole attend.
Au retour, atmosphere super chaude, super fatigue, je m'endors.
Au reveil, le polonais me demande si je peux demander au chauffeur, qui ne parle pas anglais, si il peut les deposer a la gare des bus pour acheter un billet pour le lendemain. Je me tourne vers le chauffeur, je lui sors un truc en arabe, il se tourne vers moi une seconde, je suis sur le siege passager. La, je vois le polonais qui tend le bras en avant avec sa figure qui se decompose. Le temps de me retourner vers l'avant, une bagnole quasiment a l'arret est a 3 mettres devant nous, plein freins, mais trop tard, l'emboutissement parfait et violent dans un bruit de tole effroyable. Pas de degats physiques, mais la bagnole est pas loin du sinistre total. Une femme a traverse la rue subitement d'apres la polonaise qui a vu la scene, la voiture devant a fait un grand ecart et a freine, et nous on est rentre dedans a pleine vitesse.
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